Kenya: 40.000 déplacés au cours de violences interethniques sans précédent

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NAIROBI (AFP) - (AFP)

Plus de 40.000 personnes ont été déplacées en raison des affrontements d'une ampleur sans précédent entre deux tribus du nord du Kenya, avec le risque de voir de telles violences se répéter ailleurs dans le pays, a prévenu vendredi la Fédération internationale de la Croix-Rouge.

Ces combats opposent depuis plusieurs semaines deux groupes traditionnellement rivaux, les Borana et les Gabra, autour de la ville de Moyale, à la frontière avec l'Ethiopie.

"Plus de 40.000 personnes ont fui leur domicile", a témoigné à l'AFP Alexander Matheou, responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour l'Afrique de l'Est."Nous n'avons jamais vu ce que nous avons vu cette fois-ci, des villages entiers détruits, des écoles, des puits empoisonnés".

"Les magasins du centre de Moyale sont fermés, les maisons et les écoles sont désertes, tout cela a un aspect lugubre, comme une ville fantôme", a poursuit ce responsable de retour de cette région très excentrée et largement privée d'infrastructure.

Des dizaines de milliers de personnes ont notamment fui vers l'Ethiopie voisine, a de son côté indiqué le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

La police kényane a fait état fin janvier de cinq morts, mais le réel bilan est impossible à établir, notamment parce que peu de combattants blessés se rendent à l'hôpital de Moyale, ne s'y estimant pas en sécurité et sachant que le niveau de soin y est de toute façon relativement bas.

Une dimension politique

"Des affrontements ont opposé les deux communautés depuis des siècles", et cette "coexistence nourrie de tension" est devenue encore plus critique depuis une dizaine d'années en raison de la raréfaction des points d'eau et des pâturages, due au réchauffement climatique, résume M. Matheou.

"Mais si cela peut expliquer pourquoi il y a eu peut-être une centaine de morts depuis dix ans", les combats "se déroulent sur une différente échelle" cette année, selon le responsable humanitaire, car "il semble bien qu'ils soient politiquement motivés".

Les élections générales prévues fin 2012-début 2013 vont en effet donner naissance pour la première fois à des institutions régionales élues, dotées d'un budget autonome, dont le contrôle suscite d'ores et déjà en bonne partie les combats actuels, a estimé récemment le président de la commission nationale kényane pour la cohésion et l'intégration, Mzalendo Kibunjia.

Un ancien député de Moyale, Halake Guyo, a été arrêté fin janvier pour avoir incité aux violences, et la police kényane a dû envoyer d'urgence près de 300 policiers anti-émeutes, dans cette région quasi-désertique où les postes de police sont rares.

Un effet pervers de la décentralisation instituée par la nouvelle Constitution kényane adoptée en août 2010 est que de tels conflits risquent de se répéter ailleurs pour le contrôle des budgets régionaux.

"Nous pourrions bien voir un effet de domino survenir au Kenya dans les mois à venir", craint M. Matheou.

En attendant, la Croix-Rouge kényane tente une médiation entre les deux groupes.La Fédération de la Croix-Rouge assure une aide d'urgence aux déplacés, mais elle craint de manquer de moyens en raison du nombre de conflits en Afrique de l'Est à propos desquels les donateurs sont déjà invités à apporter un soutien aux victimes, notamment en Somalie, au Soudan et au Soudan du Sud.

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