Malgré son brevet d'infomatique, Blessing Xolile Bam doit tuer le temps comme aide bénévole dans une école de Soweto.A 20 ans, il n'arrive pas à trouver un travail, comme plus de la moitié des Sud-Africains de son âge.
"Je cherche un emploi depuis un an et demi, maintenant.Le problème, c'est mon manque d'expérience et mon niveau d'études, car je n'ai qu'un brevet, pas un vrai diplôme", raconte le jeune homme.
Les Sud-Africains sans travail sont 7,5 millions, sur une population estimée à 50 millions d'habitants.Les jeunes sont les plus durement touchés, plus de la moitié des 18-25 ans sont au chômage.
Selon la fédération syndicale Cosatu, il n'y a dans le monde aucun pays à revenu intermédiaire avec un taux de chômage aussi élevé.
"C'est une crise.Nous appelons cela une bombe à retardement", a déclaré Zwelinzima Vavi, le secrétaire général de la Cosatu.
"Nous pensons qu'un jour il pourrait y avoir une explosion.73% des personnes qui sont au chômage en Afrique du Sud ont moins de 35 ans et beaucoup d'entre eux sont allés à l'université", a-t-il ajouté.
"Si nous regardons la plupart de nos villes, toutes sont entourées par un anneau de feu.Nous avons vu dans presque toutes les directions, autour de Johannesburg, des manifestations violentes menées périodiquement par les jeunes et les femmes, les deux catégories de la population qui souffrent le plus de cette crise du chômage".
Des manifestations ont éclaté dans les quartiers pauvres, pour réclamer des services publics qui fonctionnent et du travail.Leur nombre a été multiplié par huit au cours des sept dernières années.
En octobre, plus de 2.000 jeunes ont défilé à Johannesburg pour réclamer des emplois, sous la direction de Julius Malema, le fougueux président de la Ligue de la jeunesse du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, qui a fait de la "liberté économique" son cri de ralliement.
Les éléments d'un "printemps arabe"
Pour certains observateurs, l'Afrique du Sud pourrait connaître son propre "printemps arabe".
"Quand ces gens se lèveront, ils ne seront pas aussi pacifiques que nous l'espérons", estime Kindiza Ubami, du Centre pour la violence et la réconciliation, basé à Johannesburg.
"Ce sera aussi violent que ce qui s'est passé dans les pays arabes", prédit-il
Le président Jacob Zuma a bien promis de créer 5 millions d'emplois d'ici 2020.
Dans son récent discours sur "l'état de la Nation", il a évoqué un ambitieux plan, soutenu par un programme d'investissements de 300 milliards de rands (30 milliards d'euros) dans les infrastructures.
Son ministre des finances a même évoqué mercredi des dépenses onze fois supérieures d'ici 2020.
Certes, l'économie sud-africaine crée à nouveau des emplois, le taux de chômage étant, à 23,9% de la population active au dernier trimestre de 2011, encore très élevé, mais au plus bas niveau depuis le début de la crise en 2008.
Cependant, le million d'emplois perdus pendant la récession mondiale n'a pas été retrouvé, tandis que la part de la population vivant dans la pauvreté, près de 40%, n'a guère baissé depuis l'arrivée de l'ANC au pouvoir en 1994.
Les dirigeants du pays pensent que les politiques gouvernementales suffiront à donner assez d'espoir aux jeunes pour éviter une aggravation des troubles sociaux.Car les jeunes ne semblent pas vouloir d'une révolution.
Blessing Xolile Bam, pour sa part, veut juste pouvoir gagner sa vie.
"En fait, je crois en moi et en mes compétences.Donc, si quelqu'un dit +je peux te mettre à l'essai pendant deux jours+, je répondrai présent, et je ferai tout pour impressionner cette personne!"
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.