Le Sénégal était plongé dans l'incertitude samedi, à la veille du premier tour de la présidentielle qui oppose le sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, à 13 candidats, après une campagne marquée par des violences meurtrières liées à sa candidature controversée, après 12 ans de pouvoir.
"A vos armes", titre le Quotidien, montrant une main brandissant une carte d'électeur, tandis que Le Populaire évoque "l'heure de vérité", tous deux rappelant que jamais une élection présidentielle au Sénégal - un des rares pays africains à n'avoir jamais connu de coup d'Etat - n'a suscité autant de violences ni été aussi scruté par l'étranger.
Les violences liées à la candidature d'Abdoulaye Wade ont fait depuis fin janvier au moins six morts et des dizaines de blessés.Le Mouvement du 23 juin (M23), qui regroupe partis d'opposition et organisations de la société civile, a parlé de "15 morts, 539 blessés".
La communauté internationale a appelé toutes les parties à encourager la participation à une élection sans violences, mais les discours guerriers se sont multipliés ces derniers jours.
Plusieurs candidats, dont le socialiste Ousmane Tanor Dieng et l'ancien Premier ministre Macky Sall, ont demandé à leurs militants de "sécuriser" leur vote pour éviter toute fraude avant la publication des résultats, faisant craindre des troubles autour des bureaux de vote.
Le président Wade lui-même a demandé aux jeunes de son parti de "protéger" ses bulletins pour que l'opposition ne puisse pas "saboter le scrutin", alors que certains partis menacent d'empêcher de manière non violente le bon déroulement de l'élection.
A l'image d'Abdoulaye Wade, le camp présidentiel semble convaincu de l'emporter dès le premier tour dimanche, une perspective jugée "mathématiquement impossible" par plusieurs candidats de l'opposition et qui pourrait enflammer les jeunes militants opposés à "Gorgui" (le vieux en wolof).
La campagne s'est achevée vendredi, avec une "marche pacifique" de femmes contre la candidature de M. Wade et les derniers meetings des candidats.
Abdoulaye Wade a notamment demandé aux "Occidentaux" de "respecter les Sénégalais", alors que les relations se sont tendues ces dernières semaines avec Paris et Washington qui ont critiqué sa candidature.
La nouvelle candidature de M. Wade est jugée "illégale" par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007.Ses partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter.
Quelque 5,3 millions de Sénégalais sont appelés aux urnes et la participation constitue une clé de l'élection, alors que le M23 a estimé que "les dérives d'une gravité extrême" et le "climat d'insécurité générale (...) rendent impossible la tenue d'un scrutin transparent, libre, apaisé".
Mais il n'a pas pour autant appelé à un boycott ou un report du scrutin.
Le collectif de jeunes "Y'en a marre" a appelé vendredi à "aller voter massivement" dimanche, sans donner d'autre consigne que "tout sauf Wade" et promettant de poursuivre le combat s'il tentait "par la fraude ou un autre moyen de se proclamer vainqueur".
Il a aussi incité les Sénégalais, en particulier les jeunes, qui ne l'auraient pas encore fait à retirer leurs cartes d'électeurs.Ils ont jusqu'à samedi soir pour le faire.
Des milliers d'observateurs de la société civile, de l'Union africaine (UA) de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union européenne (UE) vont surveiller le déroulement du scrutin.
L'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef des observateurs de l'UA, poursuit ses rencontres à Dakar, où il s'est déjà entretenu avec le président Wade, les principaux candidats et des représentants de la société civile, avant une conférence de presse pour faire le bilan de son action en fin de journée.
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