De nombreuses questions entouraient vendredi la mort au Nigeria de deux otages, italien et britannique, lors d'une opération militaire appuyée par la Grande-Bretagne visant à les libérer de leurs ravisseurs, présentés par Abuja comme des islamistes du groupe Boko Haram.
Jeudi matin, les forces de sécurité nigérianes, avec un appui des Britanniques, ont mené un raid contre une maison à Sokoto, dans l'extrême nord-ouest, où étaient détenus les deux hommes enlevés en mai 2011.
Christopher McManus, citoyen britannique, et Franco Lamolinara, un Italien de 48 ans, tous deux ingénieurs, ont "perdu la vie", a annoncé jeudi soir le Premier ministre britannique David Cameron, qui a expliqué avoir donné son accord le jour même à une intervention.
Mais vendredi des questions se posaient sur les circonstances exactes de la mort des otages, le déroulement du raid et l'identité des ravisseurs tandis qu'enflait en Italie une polémique, Rome ne semblant pas avoir été prévenue à l'avance de l'opération.
"Selon les premières indications, les deux hommes ont été assassinés par leurs ravisseurs avant d'avoir pu être secourus", a indiqué M. Cameron.
Le président nigérian Goodluck Jonathan a lui été plus précis, déclarant dans un communiqué que les ingénieurs avaient été tués par les ravisseurs, qu'il a identifiés comme appartenant à Boko Haram.
Ce groupe, qui multiplie depuis des mois les attentats sanglants, n'avait jusqu'alors jamais été officiellement désigné dans cet enlèvement survenu dans l'Etat de Kebbi, voisin de celui de Sokoto, dont la capitale est éponyme.
Boko Haram, qui opère principalement dans le nord majoritairement musulman du Nigeria, n'a jusqu'à présent pas mené d'action connue dans ces deux Etats mais les autorités nigérianes ont déjà arrêté des membres présumés du groupe à Sokoto.
Sokoto et Kebbi sont frontaliers du Niger, pays où Aqmi, branche maghrébine d'Al-Qaïda, a par le passé revendiqué des enlèvements de travailleurs étrangers.
Ce rapt ne ressemble pas aux précédentes actions menées par Boko Haram, tenu responsable de nombreuses attaques à la bombe et assassinats ayant fait des centaines de morts.Le groupe a pour habitude de revendiquer ses assauts peu après les avoir menés.
Beaucoup d'observateurs soupçonnent l'existence de liens entre Boko Haram et Aqmi.
En août, une vidéo obtenue par l'AFP montrait les deux otages, agenouillés et les yeux bandés, décrivant leurs ravisseurs comme appartenant à Al-Qaïda.
colère en Italie
Dans une autre vidéo obtenue par une agence mauritanienne de presse privée et visionnée par l'AFP en décembre, des individus masqués menaçaient d'exécuter le Britannique si leurs exigences n'étaient pas remplies.
L'agence avait indiqué que les preneurs d'otages appartenaient à un groupe nigérian se réclamant d'Al-Qaïda.
Le déroulement précis du raid n'était pas connu mais des habitants de Sokoto ont affirmé qu'une longue fusillade avait opposé les forces armées à des individus retranchés dans une maison.
"Après près de sept heures de fusillade, les soldats ont pénétré dans la maison.Ils ont d'abord sorti deux cadavres, je pense que c'étaient des hommes blancs, puis deux cadavres à la peau sombre", a déclaré à l'AFP un résident affirmant avoir vu le raid mené, selon lui, par une centaine d'hommes.
"Trois autres personnes sont sorties menottées et ont été poussées dans une camionnette partie à grande vitesse", a-t-il poursuivi.
Goodluck Jonathan a indiqué jeudi soir que "les auteurs de cet acte meurtrier" avaient "tous été arrêtés".
Le quotidien britannique Daily Telegraph rapportait vendredi que le service d'écoutes téléphoniques des renseignements britanniques avaient intercepté des appels des ravisseurs.
Une quarantaine d'éléments des forces spéciales britanniques avaient été déployés au Nigeria il y a 15 jours et la décision de tenter de libérer les otages avait été prise après l'écoute d'une conversation suggérant qu'ils allaient être exécutés, selon le journal.
Les hommes gardant les otages dans l'une des pièces de la maison assaillie les auraient abattus après avoir entendu des tirs, toujours d'après le Daily Telegraph.Au moins deux ravisseurs auraient été tués.
A Rome, le chef du gouvernement Mario Monti réunissait vendredi un comité de sécurité dans un climat général de colère après que Londres aurait omis d'informer Rome au préalable de la tentative de libération.
M. Monti a demandé au président nigérian "au plus vite une reconstitution détaillée des circonstances ayant conduit à la mise à mort des deux otages (...)".
Le président italien Giorgio Napolitano a pour sa part jugé "inexplicable le comportement du gouvernement britannique qui n'a ni informé ni consulté l'Italie".
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