Nigeria: doutes sur l'implication de Boko Haram dans la mort des otages

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SOKOTO (Nigeria) (AFP) - (AFP)

A Sokoto, ville du nord-ouest du Nigeria où deux otages, un Britannique et un Italien, ont été tués jeudi, les habitants ne prétendent pas savoir qui sont les auteurs de ces meurtres mais sont certains d'une chose: il ne s'agit pas du groupe islamiste Boko Haram, comme l'affirme le gouvernement.

A la question de savoir si Boko Haram est responsable de l'enlèvement en mai 2011 et de la mort des deux ingénieurs européens, tués lors d'une opération des forces nigérianes appuyées par des agents britanniques visant à les libérer, Umar Bello, chef du quartier où ils ont été tués, secoue la tête en signe de dénégation."Il ne s'agit que de kidnappeurs", dit-il."Leur principale priorité est l'argent, et s'ils ne l'obtiennent pas, ils n'ont plus rien à perdre".

Une opinion largement partagée dans cette localité aux rues poussiéreuses de l'extrême nord-ouest proche du Niger.

Une dizaine d'entre eux, interrogés par l'AFP, se sont dits convaincus que Boko Haram n'était pas impliqué, contrairement à ce qu'a affirmé le président nigérian Goodluck Jonathan.

Il avait affirmé dès jeudi que Boko Haram, qui multiplie depuis des mois les attaques meurtrières au Nigeria, était responsable de l'enlèvement.

Un porte-parole présumé du groupe, Abul Qaqa, a fermement nié toute implication, vendredi.

Selon M. Jonathan, Franco Lamolinara, 48 ans, et Chris McManus, 28 ans, ont été tués par leurs ravisseurs avant d'avoir pu être libérés.

Cinq à huit suspects ont été appréhendés, selon des sources sécuritaires nigérianes, et été interrogés samedi par les services de renseignements de la police.

Un certain nombre de théories ont été avancées concernant les auteurs de l'enlèvement, y compris celle de la responsabilité d'une cellule qui aurait fait scission de Boko Haram.Le groupe islamiste est en effet considéré depuis longtemps comme divisé en plusieurs factions.

Selon une source des service de sécurité, l'homme désigné comme le cerveau du rapt, Abu Muhammad, a bien des liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda (Aqmi) et Boko Haram.

Selon la même source, les rapts visent à obtenir des rançons suceptibles de financer les activités de Boko Haram et en échange, Muhammad serait protégé par le groupe pour réaliser d'autres enlèvements.

Un certain nombre d'éléments plaident cependant contre une implication de Boko Haram.

Le groupe est l'auteur d'une série d'attaques meurtrières de plus en plus sophistiquées, perpétrées essentiellement dans le nord-est du Nigéria.Or l'enlèvement des deux otages et leur meurtre ont eu lieu dans le nord-ouest du pays, loin de ses cibles habituelles.

Par ailleurs, Boko Haram n'est pas connu pour avoir réalisé des kidnappings, mais des groupes criminels sont soupçonnés d'avoir commis des actes de violences en se faisant passer pour le groupe islamiste.

Interrogé sur une éventuelle implication de Boko Haram, un officier de police, qui a souhaité gardé l'anonymat, a dit qu'il pensait que non.Après les déclarations du président Jonathan, il a fait marche arrière et déclaré qu'il ne disposait pas de l'ensemble des faits.

En août, une vidéo reçue par l'AFP montrait les deux otages, agenouillés, les yeux bandés, décrivant leurs ravisseurs comme appartenant à Al-Qaïda.

Aqmi a dans le passé revendiqué des enlèvements dans différents pays, dont le Niger, frontalier avec l'Etat de Sokoto, mais jamais au Nigeria.

Kyari Mohammed, un professeur nigérian spécialiste de Boko Haram, doute lui aussi de l'implication du groupe."Ils se sont dissociés (de l'enlèvement) et cela ne leur ressemble pas de se dissocier si ce sont eux qui ont tué" les otages, a-t-il estimé.

Pour Onah Ekhomu, un consultant nigérian en matière de sécurité, "le nord-ouest n'est pas une zone d'activité de Boko Haram mais ils ont essayé d'y pénétrer".

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