L'assassinat d'un ex-chef de l'armée à Bissau est venu ternir le déroulement de la présidentielle de Guinée-Bissau qui, selon de toutes premières indications, plaçait lundi en tête Carlos Gomes Junior, Kumba Yala et Serifo Nhamadjo.
Tard dimanche soir, le colonel Samba Djalo, ex-chef adjoint des renseignements militaires de Guinée-Bissau, a été abattu dans la rue, en face de son domicile par des hommes en tenue militaire, selon des sources militaire, sécuritaires et civiles, dont un témoin, pour un mobile encore inconnu.
Cet assassinat "est malheureux, après une élection calme et décisive pour la stabilité du pays" dimanche, a déclaré à l'AFP le politologue bissau-guinéen Rui Landim.
"Est-ce un règlement de comptes entre militaires, un assassinat politique parce qu'il pouvait être très gênant pour quelqu'un du pouvoir, est-ce parce qu'il voulait quelque chose ?", demande-t-il.
Cet assassinat suscite aussi "beaucoup d'inquiétudes", ajoute le spécialiste, dans ce pays lusophone de 1,6 million d'habitants, déstabilisé par des coups de force militaires et des violences depuis son indépendance en 1974 du Portugal.
Cette instabilité politique chronique est renforcée par les trafiquants de drogue qui l'utilisent comme point de passage entre l'Amérique du Sud et l'Europe, au point de voir le pays qualifié par des analystes de "narco-Etat" et certains de ses responsables répertoriés par les Etats-Unis comme "barons de la drogue".
Pour M. Landim, "si les choses sont conduites sereinement par tout le monde" après l'assassinat du colonel Djalo, "on peut sauver la stabilité.Mais pour l'instant, il y a des risques que ça dégénère".
Le colonel Djalo avait été arrêté avec d'autres chefs militaires en avril 2010, dans un conflit au sein de la hiérarchie militaire.Et il a été cité dans des affaires d'assassinats de responsables politiques et militaires en 2009, dont le patron de l'armée Tagmé Na Waie et le président Joao Bernardo Vieira.
Ces affaires n'ont jamais été élucidées.
Gomes, Yala, Mhamadjo, trio de tête
Le premier tour de la présidentielle pour remplacer Malam Bacaï Sanha, élu en 2009 et décédé de maladie en janvier, s'est déroulé dans le calme, selon la Commission nationale des élections (CNE) et des observateurs étrangers, en dépit d'allégations de désorganisation et d'indices de fraudes par deux candidats.
Les résultats officiels du premier tour qui opposait neuf candidats ne seront pas connus avant plusieurs jours.
De premières tendances venues de sources diverses sur un nombre indéterminé de bureaux de vote placent en tête l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, 62 ans (pouvoir), l'ex-président Kumba Yala, 59 ans (opposition), et le député Serifo Nhamadjo, 54 ans (indépendant, dissident du pouvoir).
Ils étaient avec l'ex-président de transition Henrique Rosa (indépendant), 66 ans, donnés favoris pour la succession du président Sanha.
En cas de probable second tour, qui se tiendrait le 22 ou le 29 avril d'après une source à la CNE, cela se jouera "entre Carlos Gomes Junior et Kumba Yala" et Serifo Nhamadjo "sera le faiseur de roi", dit Rui Landim.
Les appels à un scrutin calme et au respect des résultats s'étaient multipliés dans la communauté internationale ainsi qu'en Guinée-Bissau même pour l'élection de dimanche, considérée comme un test important pour cet Etat.
Lundi , Bissau avait renoué avec son effervescence habituelle, mais beaucoup redoutent une contestation violente des résultats ou la réaction des militaires, acteurs des violences et coups de force passés.
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