Mali: les islamistes prennent le dessus au Nord, la junte sous embargo

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BAMAKO (AFP) - (AFP)

  Les islamistes armés semblaient prendre le dessus mardi sur les rebelles touareg dans le nord du Mali, dont des éléments avancés progressent vers le centre du pays, et au moment où la junte militaire au pouvoir est désormais soumise à un embargo de ses voisins ouest-africains. 

Le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt a affirmé mardi sur RFI que des "mouvements" de rebelles ont été signalés "autour de Mopti", ville du centre du Mali sous contrôle gouvernemental et qui marque la limite avec le nord du pays aux mains des rebelles.

Mopti est située à peu près à mi-chemin entre Bamako et Tombouctou, une des capitales du nord-Mali et cité historique tombée sous le contrôle des islamistes armés du mouvement Ansar Dine (défenseurs de l'islam) soutenu par des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon des témoins.

 "La ville de Tombouctou a passé sa première nuit d'application de la loi islamique", a déclaré à l'AFP Saliou Thiam, fonctionnaire à la direction régionale du Trésor de Tombouctou.

Le leader d'Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, ex-figure des rébellions touareg des années 1990, a rencontré lundi soir les imams de la ville."Il a expliqué qu'il n'est pas venu pour l'indépendance, mais pour l'application de la loi islamique.Tout est calme dans la ville", a ajouté M. Thiam.

 Ses hommes ont lancé une opération de récupération des biens pillés, et invité les propriétaires à venir  les récupérer, selon un témoin.Ils ont arrêté notamment un groupe de jeunes sur le point d'incendier un bâtiment public, qui ont été ligotés et traînés en ville.Ils ont menacé la prochaine fois de couper la main des voleurs.

Les hommes d'Ansar Dine et d'Aqmi, parmi lesquels un de ses chefs historiques, l'Algérien Mokhtar Belmokhtar dit "Le Borgne", vu au côté d'Ag Galy, ont chassé de Tombouctou les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui avait lancé l'offensive à la mi-janvier dans le nord.

Très vite, divers groupes lourdement armés, islamistes et/ou criminels, qui ont proféré dans le nord malien à la faveur du retour de supplétifs du régime libyen de Mouammar Kadhafi après sa chute en août 2011, ont profité de l'occasion pour redoubler d'activités dans la zone.

En trois jours, les 30, 31 mars et 1er avril, les trois capitales administratives du nord-Mali, Kidal et Gao (nord-est), puis Tombouctou (nord-ouest), sont tombées aux mains de ces groupes qui n'ont rencontré presque aucune résistance de la part de l'armée malienne, sous-équipée et désorganisée.

Le MNLA, mouvement laïque, a pour objectif la création d'un Etat touareg dans le nord, ce qui n'est pas du tout celui des groupes islamistes qui veulent imposer la charia (loi islamique) à tout le Mali.

Crainte de pénurie

La question est désormais de savoir s'ils parviendront à progresser vers le sud et à parvenir jusqu'à Bamako.

"Aujourd'hui, compte tenu de ce que l'on sait de la situation militaire sur le terrain, je ne vois aucun secteur géographique sur lequel l'armée malienne serait susceptible de stopper l'avancée des rebelles", s'est inquiété M. de Raincourt.

Venu assister lundi à Dakar à la prestation de serment du nouveau président sénégalais Macky Sall et à un sommet ouest-africain sur le Mali, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a jugé qu'il semblait "que cette fraction islamiste/jihadiste extrémiste soit en train de prendre le dessus parmi les différentes factions touareg".

Il a rappelé que la France avait six otages détenus au Sahel par Aqmi qui "nous désigne explicitement comme une cible".

La progression fulgurante du MNLA et des groupes islamistes a été facilitée par le coup d'Etat militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré sous le prétexte que son régime était "incompétent" pour contrer ces mouvements dans le nord.

La junte est totalement isolée et soumise depuis lundi à un embargo diplomatique, économique et financier "total", décidé lundi lors d'un sommet de la Communauté économiques des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à Dakar.

Les premiers effets de cet embargo sont apparus à Bamako avec la formation de files d'attente devant des stations essence par crainte de pénurie.

"On a dit qu'il y a embargo, on a peur qu'il y ait pénurie, alors on prévient comme on peut", dit un jeune venu avec un ami avec une demi-douzaine de bouteilles vides pour faire le plein.

"C'est la peur, sinon, il y a assez de carburant dans les dépôts", a assuré le pompiste, sans convaincre les clients."Il y a assez de carburant, mais est-ce que toi, tu peux nous dire combien de temps ça va durer?", a rétorqué un motocycliste.

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