L'arrivée au pouvoir de la nouvelle présidente du Malawi, Joyce Banda, a été saluée comme une avancée démocratique mais la première femme à exercer la magistrature suprême en Afrique australe doit relancer l'économie et réconcilier son pays avec les donateurs.
Mme Banda, 61 ans, a été investie samedi, quelques heures après l'annonce officielle de la mort du président Bingu wa Mutharika --victime jeudi d'une crise cardiaque--, dont la fin du règne était devenue synonyme de dérives autocratiques et de débâcle économique.
"Cela a contribué à enraciner et consolider une culture démocratique dans le pays, et c'est une bouffée d'air frais sur notre continent africain, où les transitions sans heurts sont rares", a écrit le Sunday Times malawite dimanche.
Joyce Banda a été saluée pour avoir immédiatement appelé à l'union et à la réconciliation alors que les proches du défunt président avaient cherché à l'écarter car elle était passée dans l'opposition.
"Nous pouvons maintenant (...) nous concentrer sur la tâche immense de guérison et de réparation de l'indéniable chaos dans lequel est enferré notre pays", a souligné le quotidien The Nation.
Bingu wa Mutharika avait exclu Joyce Banda de son parti fin 2010, car elle s'était opposée à sa volonté de faire son héritier de son frère Peter.La vice-présidente avait en conséquence fondé son propre mouvement et était devenue une virulente critique du pouvoir.
Mais elle a évité les sujets qui fâchent lors de son investiture samedi, affirmant que le pays devrait d'abord faire le deuil de Mutharika.
Joyce Banda n'a de toute façon pas de majorité pour l'instant.Au programme de son parti, on trouve des appels pour des investissements privés, une relance de l'agriculture commerciale et une diversification des exportations, qui dépendent trop du tabac.
Suspension de l'aide étrangère
Economiste de formation, l'ancien président Mutharika avait réussi au début de son premier mandat à mettre fin à une terrible famine en soutenant --à grands frais-- les petits agriculteurs.
Mais les subventions à l'agriculture ont asséché les finances de l'Etat, qui ont également été affectées par une forte baisse des prix du tabac.Cela a privé le Malawi des devises nécessaires pour importer du carburant, provoquant des pénuries chroniques qui ont un peu plus affaibli l'économie.
Ses dérives autocratiques l'ont brouillé avec les bailleurs de fonds, ce qui s'est traduit par la suspension de l'aide étrangère.Mutharika s'est en conséquence lancé dans une périlleuse politique autarcique.
Si elle n'a pas encore rouvert son portefeuille, la communauté internationale a salué le caractère pacifique de la transition que vient de connaître le Malawi, après s'être inquiété des retards dans l'annonce de la mort de Mutharika, qui faisaient craindre un mauvais coup.
Thumbiko Msiska, qui travaille pour une ONG, a indiqué qu'il ne pleurerait pas trop l'ancien président.Il espère que Mme Banda serait plus disposée à écouter que son prédécesseur, surnommé "Monsieur Je-sais-tout".
"Nous pensons qu'il était au centre des problèmes que nous avons rencontrés dans le pays.Lui parti, je pense que ça ouvre la voie au changement", a-t-il indiqué à la cérémonie d'investiture.
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