Les Dieux du foot sont tombés chez les Bushmen

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ANDRIESVALE (AFP)

Le match du Mondial a commencé mais le générateur n'a plus d'essence: qu'importe, Oupa Jan et ses amis bushmen discutent football devant l'écran noir de la télévision, les pieds dans le sable du désert du Kalahari (nord-ouest de l'Afrique du Sud).

Oupa Jan, de son vrai nom Jan Pietersen, n'en a que faire si la fièvre du Mondial n'est pas aussi forte au village d'Andriesvale, sans électricité ni eau courante, que dans les stades.

"En regardant les matches, j'ai l'impression d'être à Johannesburg ou au Cap (sud-ouest).Mon coeur appartient au Mondial!", se réjouit le jeune Bushmen.Sa compagne Oulet, elle, préfère discuter autour du feu avec ses frères et soeurs, sous la voie lactée.

Blade Witbooi, 37 ans, avait acheté générateur et télévision pour la Coupe du monde."Pas de chance, elle est tombée en panne en plein Mondial", soupire-t-il au retour d'une chasse à l'arc dans l'immensité semi-désertique qui entoure le village.

Sans télé ni radio, la plupart des supporteurs vont chez leurs amis ou attendent simplement le lendemain pour connaître les résultats, surtout si plusieurs dunes les séparent du premier poste.

Mais ils n'ont raté aucun match des Bafana Bafana, le Onze sud-africain, grâce à un grand écran installé par une église jusqu'aux quarts de finale.Même les plus âgés ont pris goût au foot...et soufflé pour la première fois dans une vuvuzela.

Un enthousiasme qui redonne un sens à la communauté désoeuvrée, coupée de ses traditions nomades, où l'alcool et les bagarres sont le lot quotidien.

"D'habitude, les gens boivent et se battent.Avec la Coupe du monde, ils discutent, même ceux qui normalement ne se parlent pas.Le foot, et non plus l'alcool, les a unis", constate le médecin traditionnel John van der Westhuizen, rastas courtes et visage buriné par le soleil.

Chassés de leurs terres, les Bushmen se sont vu restituer en 1999 quelque 60.000 hectares dans le Kalahari et le parc naturel voisin, cinq ans après la fin du régime d'apartheid.

Mais les tensions ont vite surgi entre ceux qui vivaient encore en nomades et les Bushmen "modernes", intégrés à la vie citadine du Cap ou d'Upington, la ville la plus proche à quelque 200 km du village.

Ces divisions se retrouvent jusqu'au club de foot, dont plusieurs joueurs ont claqué la porte en début d'année.Mais le plaisir du jeu demeure dans la communauté de 500 âmes, où les distractions sont rares.

Sur le terrain de sable envahi d'herbes hautes que surplombe une antenne téléphonique, les filles sur leur 31 encouragent les jeunes footballeurs, en maillot noir et blanc sponsorisé par une entreprise minière.Certains ont des vraies chaussures à crampons, d'autres évoluent pieds nus ou en chaussettes.

"Je viens ici car je n'ai pas de télé pour regarder la Coupe du monde", explique Juanita Kaffers, entraîneuse de netball, le sport pratiqué par les filles."Moi, c'est surtout pour les garçons", avoue franchement Josephine Chumine Witbooi, 17 ans.

Après la rencontre, elles s'empressent d'aller chez le capitaine des !Khomani Strikers, qui crée l'événement du mois: de grosses baffles crachent "Waka Waka", l'hymne de la compétition, pour le plus grand plaisir des jeunes.

"Sans télé, je ne peux regarder le Mondial ce soir, alors je fais +discothèque+", lance Peter Witbooi.

"Mais pour la finale, c'est sûr, je vais m'organiser!"

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