Rébellion recherche appuis populaires pour signer un accord de paix et peut-être plus si affinités: cette petite annonce fictive pourrait avoir été écrite par le LJM, un nouveau groupe rebelle du Darfour, sans présence sur le terrain, mais en quête de légitimité.
Le Mouvement pour la libération et la justice (LJM) est le nouveau-né des groupes rebelles du Darfour et le seul présent à la table des négociations de Doha (Qatar), où les deux principaux phares de la rébellion - Khalil Ibrahim et Abdelwahid Nour - brillent par leur absence.
Ce groupe rebelle, issu de la fusion d'une myriade de factions dissidentes réunies sous l'égide des Etats-Unis et de la Libye, ne représente pas une menace militaire pour les forces soudanaises au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie depuis sept ans à la guerre civile.
Son chef, Tijani Sese, un notable de l'importante tribu Four, gouverneur du Darfour à la fin des années 80, vit en exil en Ethiopie depuis les années 90. Il n'a jamais pris les armes.
Le LJM a signé en mars un accord préliminaire avec le gouvernement et pourrait fumer dès la semaine prochaine le calumet de la paix avec Khartoum.Le hic est que ce mouvement n'a pas ou très peu d'assises au Darfour.
Pour remédier à cette impasse, la mission ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) a emmené la semaine dernière à Doha des réfugiés et des déplacés du Darfour afin de rencontrer les membres du LJM.Quelque 400 représentants de la société civile du Darfour sont aussi attendus cette semaine à Doha.
"C'est un peu le principe d'une agence de rencontre, faire en sorte que le LJM rencontre les gens du Darfour pour savoir si le courant passe entre eux, qu'ils apprennent à se connaître", confie un diplomate suivant les négociations.
"Tout ça vise à établir leur assise sociale (au LJM), mais aussi à préparer une meilleure acceptation de ce qui peut être signé...", explique à l'AFP Djibril Bassolé, médiateur en chef pour le Darfour.
"Tout accord de paix global doit tenir compte des déplacés, des réfugiés.Une paix globale doit permettre le retour des déplacés dans leur village, un partage du pouvoir, des richesses, un processus de réconciliation, de compensation", souligne Tijani Sese."Or ces enjeux, il faut les discuter avec les déplacés et réfugiés", explique-t-il dans un entretien téléphonique.
Selon plusieurs analystes et acteurs du conflit au Darfour, une paix globale au Darfour n'est toutefois pas possible sans la participation de Khalil Ibrahim, chef du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), et éventuellement de l'Armée de libération du Soudan d'Abdelwahid Mohammed Nour.
"Une paix finale sans la participation de ces deux (Khalil Ibrahim et Abdelwahid Nour) aura toujours un goût d'inachevé", reconnaît, Djibril Bassolé.
"S'ils n'adhèrent pas...les forces du gouvernement ne se concentreront pas sur la mise en oeuvre d'un accord.Ils vont plutôt se concentrer sur comment lutter contre les récalcitrants.Et donc il y aura une option sécuritaire, militarisée à outrance, et dans cette option militarisée rien de bon ne se fera.C'est le défi auquel on fait face", dit-il.
Le JEM, plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, a quitté en mai la table des négociations et est retourné au combat.Résultat, le mois de mai a été le plus sanglant depuis janvier 2008 dans cette région, preuve que la guerre n'est pas terminée.
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