Des services à domicile en petite tenue, signe d'une Afrique du Sud qui change

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LE CAP (AFP) - (AFP)

Les services à domicile en tout genre sont chose banale pour les riches Sud-Africains.Mais ils peuvent désormais faire appel à des agents d'entretien entièrement dévêtus, une idée choc qui aurait été proprement impensable dans la très prude Afrique du Sud de l'apartheid il y a vingt ans.

C'est un comptable de 29 ans, en recherche d'emploi, qui a imaginé en janvier cette petite trouvaille marketing, innocemment baptisée "Natural Company".

Sur son catalogue, il a déjà recruté 75 jeunes beautés, hommes ou femmes, intermittents du service à domicile, intervenant à la demande et entièrement nus.

Cela va du plombier au réparateur informatique, en passant par la femme de ménage ou l'agent d'entretien pour la piscine, qui vient éliminer les feuilles mortes et autres bestioles indésirables, sans la moindre étoffe pour masquer la géométrie de ses muscles et la perfection de son physique de lutteur grec.

"Je reçois tous les jours des demandes suspectes, des malades, mais je protège mon personnel.Les choses sont très claires: pas de relations sexuelles quoi qu'il arrive", explique à l'AFP Jean-Paul Reid, qui n'exclut cependant pas les demandes explicitement coquines.

On peut, par exemple, tout à fait lui commander pour un enterrement de vie de jeune fille un éphèbe à la plastique irréprochable dont le torse est réquisitionné pour servir de plateau à verres, où les invitées viennent se servir des doses d'alcool fort, englouties cul sec.

De jour en jour, la panoplie des services proposés s'allonge et Jean-Paul compte s'étendre au plus grand nombre de métiers possibles dans un pays où l'on peut même faire venir à domicile son shampouineur-toiletteur pour chiens attitré.

Tout sauf professeur, dit-il, "il faut bien mettre une limite quelque part".

Si au départ, il avait imaginé sa clientèle sous les traits d'innocents naturistes aimant vivre dans leur plus simple appareil, il s'aperçoit aujourd'hui qu'il a plutôt affaire à un profil de voyeurs, "aimant admirer de belles choses".

Des quadragénaires, plutôt riches et plutôt blancs, habitant la grande ville à Johannesburg ou au Cap, et prêts à dépenser 400 Rands (38 euros) pour s'offrir cette fantaisie, dit-il.

"Personnellement, je ne me verrais pas mettre 300 ou 500 Rands pour une petite heure de ménage tout nu.Jamais.Je trouve ça stupide mais c'est quand même intéressant", explique l'un de ses employés les plus demandés.

Agé de 20 ans, il avoue un peu de nervosité à chaque fois qu'il se rend chez un client, où il intervient comme coach sportif: "On ne sait jamais sur qui on tombe".

Pour anecdotique qu'elle soit, sa petite entreprise est révélatrice d'une évolution de la société sud-africaine qui, lentement mais sûrement, s'autorise des plaisirs autrefois interdits.

Le temps n'est pas si loin dans la minorité blanche, où il était défendu de danser le dimanche, où les femmes devaient porter chapeau à l'église, où les relations sexuelles avant le mariage valaient la réprobation familiale et où la pornographie était interdite.

Il était même mal vu, pour un homme, de dévoiler ses avant-bras et porter des chemises à manches courtes le jour du Seigneur.

"Il y a vingt ans, la nudité était encore très tabou et les gens n'en parlaient pas, alors que maintenant, les temps changent", constate Carrington Laughton, président de la fédération sud-africaine du naturisme, dont le nombre d'adhérents est passé de 130 en 2009 à 8.000, dont un quart de Noirs.

Sous l'apartheid, "le pays était dirigé par une poignée de gens très très conservateurs, il y avait des interdits.Avec le changement, toute cette absurdité a disparu, et ce qui n'a pas disparu, a pris une importance mineure", ajoute M. Laughton.

L'hôtelier britannique, Mark Taylor, qui a ouvert un lodge naturiste près du Cap en décembre, juste à temps pour les grandes vacances de l'été austral, observe la même tendance.Si les réservations ont été majoritairement le fait de touristes étrangers, l'intérêt de la clientèle locale lui a réservé, dit-il, une bonne "surprise".

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