Les manifestants qui campaient depuis début mars devant le siège de la télévision nationale à Tunis pour réclamer une "épuration" au sein de la chaîne ont levé mercredi leur sit-in, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Cette décision a été prise dans l'intérêt national et en réponse à la demande du gouvernement.Nous ne voulons pas être de ceux qui sèment la sédition dans le pays", a déclaré une des organisatrices du sit-in, Halima Maalej, lors d'une conférence de presse improvisée.
La situation s'était tendue au cours des dernières 48 heures entre les manifestants et les fonctionnaires de la télévision nationale, excédés par le sit-in qui a commencé le 2 mars.
Des heurts ont fait cinq blessés mardi, et le ministère de l'Intérieur avait demandé la levée du campement.
Installés dans des tentes et se relayant nuit et jour, les quelques dizaines de manifestants, proches du parti islamiste Ennahda, réclamaient une "épuration" au sein de la télévision nationale, qu'ils accusent d'être biaisée et aux mains de "gauchistes" ou d'ex-RCdistes (membres du parti dissous du président déchu Zine El Abidine Ben Ali).
"Le gouvernement nous a promis de répondre à nos demandes, notamment de régler la corruption administrative et financière et de limoger les figures qui ont fait la propagande de Ben Ali", a assuré Mme Maalej.
Dans un communiqué publié mardi soir, Ennahda a "condamné la violence devant la télévision nationale" mais insisté sur "la nécessité de réformer les médias publics".
"La réforme des médias publics est une demande principale de la révolution.La télévision publique joue un rôle très important dans la vie des Tunisiens mais vit une crise en raison du manque d'impartialité de certaines parties au sein de la télé", ajoute le communiqué, visant "le journal de 20H qui est orienté".
De leur côté, les fonctionnaires de la chaîne nationale, qui emploie 1.300 personnes, le syndicat des journalistes et l'Instance nationale chargée de la réforme du secteur (INRIC) ont dénoncé l'attitude des autorités qui a laissé le sit-in se prolonger pendant deux mois.
"Ce n'est pas avec la pression, les insultes et les agressions qu'on peut réformer les médias", a souligné mardi Néji Bghouri, membre de l'instance indépendante tunisienne chargée du secteur des médias (INRIC).
"Il y a un travail méthodique pour mettre la main sur les médias", a-t-il aussi accusé, estimant que les dirigeants tunisiens "veulent les dominer pour faire briller leur image en prévision des prochaines élections", prévues dans un an.
Quelques centaines de personnes, en grande partie des journalistes, se sont par ailleurs rassemblées mercredi sur l'avenue Habib Bourguiba dans le centre de Tunis pour soutenir leurs confrères de la chaîne nationale.
"Information libre, journalistes indépendants", "l'information est publique, ni gouvernementale, ni aux ordres des partis", "non à la privatisation", scandaient les manifestants.
"La presse est menacée par le gouvernement", a déclaré la secrétaire générale du Parti républicain (centre) Maya Jribi, s'inquiétant d'une volonté des autorités de privatiser les médias publics.
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