Le Fonds mondial pour la nature (WWF) lance une campagne intitulée "SOS Virunga!" visant à protéger de l'exploitation pétrolière cet immense parc de la région des Grands Lacs africains, alors que des permis ont été déjà donnés à Total et à la compagnie britannique Soco.
Créé en 1925 sous le nom de Parc Albert, le parc des Virunga, dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), à la frontière du Rwanda, est le plus ancien parc national d'Afrique.Il couvre près de 8.000 km2, avec une biodiversité "exceptionnelle", selon l'Unesco: plus de 200 espèces de mammifères, dont les gorilles de montagne et les Okapi, qu'on ne trouve que dans cette région du monde, des multitudes d'espèces d'oiseaux...
Le parc des Virunga est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979, mais seulement depuis 1994 dans la catégorie des sites en péril, du fait de la situation conflictuelle de la région et des atteintes concomitantes à la biodiversité.
En outre, des concessions pétrolières ont été attribuées à l'été 2010 à plusieurs compagnies -Total, la Britannique Soco International, l'Italienne Eni- couvrant près de 85% de la surface du parc.Suite à des réactions internationales, Eni s'est retirée et le ministère de l'Environnement congolais a suspendu les activités et demandé une étude environnementale stratégique (EES).Les recommandations devraient être connues à la fin de l'année.
En attendant, la compagnie Soco, avec l'accord du ministère, a entamé des études aéromagnétiques et gravimétriques, à l'extérieur du parc et par avion.En outre, en dépit d'engagements pris auprès de l'UNESCO, des employés de Soco sont entrés dans le parc sous la protection de la police, selon le WWF.L'Unesco a exprimé sa "préoccupation" et des pêcheurs locaux ont publié un communiqué de protestation.
Quant à Total, l'entreprise se préparerait selon le WWF à l'exploration en périphérie immédiate du parc, ce qui, a souligné devant la presse Jean-Baptiste Roelen, chargé de programme au WWF, devrait avoir "un fort impact" sur le parc lui-même.
Cette campagne SOS Virunga!vise à ce que les deux compagnies déclarent publiquement Virunga et tous les sites du patrimoine mondial comme une "no go zone" (zone interdite) -Shell l'a fait en 2003- et qu'elles suspendent leurs activités en attendant les résultats de l'EES.
WWF estime que les gouvernements britannique et français devraient intervenir auprès des compagnies pour les inciter à respecter la convention du patrimoine mondial de l'Unesco qui interdit les activités extractives dans les sites classés.
"Si on fait de l'exploitation pétrolière dans ce parc à haut niveau de protection, ça veut dire qu'aucun endroit de la planète ne peut être protégé", a estimé Jean-Baptiste Roelen."Alors même qu'on parle de plus en plus de sortir de l'énergie carbonée, on peut s'interroger sur la nécessité d'aller chercher du pétrole dans des sites du patrimoine mondial", a-t-il ajouté.
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