Le Soudan du Sud a fait samedi un geste d'apaisement dans le conflit inter-soudanais en se disant prêt à retirer ses forces de la zone contestée de Abyei, tandis que le Soudan refusait toute intervention de l'ONU dans la résolution du conflit.
Khartoum a par ailleurs annoncé samedi avoir arrêté quatre étrangers dans une autre zone revendiquée par les deux pays, la région pétrolière de Heglig que le Soudan a reprise le 20 avril à son voisin du sud après d'intenses combats.
"Ils étaient en train de collecter des débris dans le cadre d'investigations", a déclaré le porte-parole de l'armée soudanaise Sawarmi Khaled Saad, laissant entendre qu'il s'agissait "d'experts étrangers" venus prêter main forte à Juba pour mener son "agression" contre son voisin.
Selon ce porte-parole, il s'agit d'un Britannique, d'un Norvégien, d'un Sud-Africain et d'un Sud-Soudanais qui ont été "transférés" à Khartoum pour enquête.
Samedi, le gouvernement sud-soudanais a annoncé qu'il allait "permettre" le retrait de ses forces de police de la zone d'Abyei que les deux Soudans se disputent.
Le porte-parole du gouvernement, Barnaba Marial Benjamin, a assuré à l'AFP que ce retrait serait "immédiat", fixant comme seule condition "que les Nations unies et l'Union africaine assurent la sécurité des ressortissants (sud-soudanais) dans cette région".
Depuis le début des violences à Abyei, environ 110.000 personnes, selon l'ONU, ont fui vers le Soudan du Sud.Khartoum contrôle toujours aujourd'hui ce territoire, malgré la présence d'environ 4.000 casques bleus éthiopiens déployés par l'ONU.
L'ONU comme l'Union africaine ont demandé à plusieurs reprises le retrait d'Abyei tant des forces soudanaises que des 700 membres des forces armées sud-soudanaises qui y sont encore stationnées.
Les différends entre les deux Soudans, sur le tracé de la frontière et le partage des revenus pétroliers notamment, ont dégénéré depuis fin mars en des combats d'une ampleur sans précédent depuis la proclamation d'indépendance du Soudan du Sud en juillet dernier.
Outre les combats à Heglig, l'aviation soudanaise a mené plusieurs raids parfois meurtriers en territoire sud-soudanais.
La communauté internationale a multiplié les appels pour que les deux pays, déjà parmi les plus pauvres du monde, ne se déchirent pas à nouveau comme lors de la guerre civile (1983-2005) qui a abouti à la partition entre le Nord arabe et musulman et le Sud, essentiellement chrétien.
Accroissant encore ces pressions, les Etats-Unis ont soumis jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution qui pourrait aboutir à des sanctions contre les deux Soudans en cas de poursuite de l'escalade.
Mais le Soudan a prévenu samedi "qu'il rejetait tout effort pour entraver le rôle de l'Union africaine et porter la crise entre le Soudan et le Soudan du Sud au Conseil de sécurité de l'ONU", a annoncé le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Karti.
"L'intervention de l'ONU va aboutir à privilégier des considérations politiques au détriment d'un règlement pacifique juste", a-t-il estimé.
Mardi soir, l'Union africaine, qui mène une mission de médiation à ce jour totalement infructueuse, avait cependant elle-même appelé le Conseil de sécurité à soutenir ses efforts dans le cadre de son chapitre 7, qui permet des mesures coercitives pour faire appliquer une décision.
Si les combats directs paraissent avoir marqué une pause ces derniers jours, les deux pays s'accusent toujours mutuellement de soutenir des rébellions sur le territoire de l'autre.
Samedi, l'armée sud-soudanaise a affirmé avoir repoussé la veille une attaque de rebelles venus du Soudan dans les faubourgs de Malakal, capitale de l'Etat sud-soudanais du Haut Nil à quelques dizaines de kilomètres de la frontière.
Le mouvement rebelle de l'Armée démocratique du Soudan du Sud (SSDA) a revendiqué l'opération dans un communiqué.
De retour d'une visite en Chine, le principal acheteur du pétrole soudanais, le président sud-soudanais Salva Kiir a fait savoir samedi que Pékin "allait contribuer à résoudre les différends" entre les deux pays.
Il a aussi annoncé avoir obtenu de la Chine un prêt de 8 milliards de dollars (6 mds EUR) sur deux ans pour financer des constructions de routes, des projets l'énergie hydroélectrique, l'agriculture et les télécommunications, a rapporté le porte-parole gouvernemental.
"Les détails seront définis par les ministres des deux pays et par les société chinoises qui se chargeront de ce travail", a précisé Barnaba Marial Benjamin.
Les infrastructures sont quasi-inexistantes au Soudan du Sud, avec seulement quelques dizaines de kilomètres de routes bitumées, en raison de décennies de sous-développement et d'absence d'investissement dans cette région, tant à l'époque de la colonisation britannique qu'après l'indépendance du Soudan en 1956.
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