L'Afrique de l'Ouest a décidé d'imposer des sanctions contre la Guinée-Bissau à la suite d'un revirement de la junte militaire au pouvoir depuis le 12 avril qui, après avoir accepté la semaine dernière le retour à l'ordre constitutionnel, a fait marche arrière.
Les sanctions "diplomatiques, économiques et financières", entrées en vigueur dans la nuit de dimanche à lundi, ont été décidées à l'issue d'une rencontre à Banjul de ministres d'un groupe de contact de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et du chef de la junte militaire, Antonio Indjaï.
"Après plus de douze heures de négociations" entre les ministres et "une seule personne, le général Antonio Indjai, chef d'état-major de l'armée de Guinée-Bissau et chef de la junte", il est "apparu évident" que ce dernier "ne souhaite pas négocier et préfère clairement affronter les conséquences" de sanctions, selon un communiqué publié lundi matin à Banjul.
"A la fin des discussions, aucun accord n'a été trouvé avec le commandement militaire (junte) et ses alliés", ajoute le texte qui souligne qu'en conséquence, "le rejet de la position du groupe de contact signifie l'imposition de sanctions" qui ont commencé "à minuit le 29 avril".
Le texte précise que le général Indjaï "a refusé" les décisions prises par un sommet des chefs d'Etat de la Cédéao le 26 avril à Abidjan, fixant à la junte un ultimatum de trois jours pour accepter la mise en place d'une période de transition d'un an avant des élections et l'envoi d'une force militaire ouest-africaine destinée à "sécuriser" les organes de transition.
L'arrivée des premiers soldats de cette force, attendus dimanche soir, a été retardée de "quelques heures", a appris lundi l'AFP de source militaire.
Le général Indjaï a également "rejeté la demande de la Cédéao de réinstaller comme président par intérim Raimundo Pereira", selon le communiqué.
La junte militaire, qui avait arrêté M. Pereira ainsi que l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior le jour du coup d'Etat, avait accepté de les libérer conformément à une autre exigence du sommet de la Cédéao et de les laisser partir à Abidjan.
Sanctions internationales
La junte avait en outre accepté les décisions du sommet concernant la période de transition et l'envoi de la force ouest-africaine de 500 à 600 hommes qui devait rapidement remplacer un contingent angolais de quelque 650 hommes.
La présence de ces militaires angolais a été, officiellement, l'élément déclencheur du coup d'Etat du 12 avril, les putschistes les accusant d'être là pour soutenir MM.Pereira et Gomes junior, membres du parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), alors que s'annonçait le second tour d'une présidentielle pour lequel M. Gomes Junior partait favori.
Le général Indjaï est un militaire qui a joué un rôle de premier plan dans les récentes convulsions politico-militaires qui secouent la Guinée-Bissau depuis son indépendance du Portugal en 1974, devenue ces dernières années une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe.
Il s'était fait passer pour une victime du putsch, son arrestation ayant été annoncée en même temps que celles de MM.Pereira et Gomes Junior et d'autres dirigeants du PAIGC.Mais il s'est très vite avéré que celui qui entretenait des relations notoirement tendues avec Carlos Gomes Junior, était le véritable meneur du dernier nouveau coup d'Etat.
Les membres du groupe de contact de la Cédéao ont demandé à l'Union africaine (UA), à l'ONU et aux autres partenaires de la Guinée-Bissau d'appliquer des sanctions similaires aux leurs afin de leur donner plus de force.
Un sommet des chefs d'Etat du groupe de contact (Nigeria, Gambie, Togo, Cap-Vert, Guinée et Sénégal) se réunira le 3 mai "pour prendre toutes les autres mesures nécessaires, y compris l'usage de la force pour faire appliquer les décisions du sommet".
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