Administration fermée, salaires impayés, fonctionnaires en grève, coupures d'eau et d'électricité récurrentes, prisonniers libérés: un mois après le coup d'Etat du 12 avril, "la vie s'est arrêtée" en Guinée-Bissau où la situation politique et militaire est totalement bloquée.
"Tous les bureaux sont fermés.Il n'y a pas de travail, pas de salaire.La vie s'est arrêtée pour nous, agents de l'administration publique", affirme Filinto Reis, un enseignant du public.
"Le ministre de la Justice a fui le pays, les tribunaux sont fermés, les avocats et les juges attendent chez eux la reprise du travail.Nous faisons ce que nous pouvons", déclare de son côté Bacar Sané, policier.
Un garde pénitentiaire hoche la tête en signe d'impuissance."Nous avons libéré tous les prisonniers de droit commun car nous ne pouvons pas leur assurer l'unique repas quotidien auquel ils ont droit".
Dans le quartier populaire de Copilum, à Bissau, la prison centrale ne paie pas de mine avec ses murs vétustes et lézardés.D'une capacité de 50 détenus, elle en accueille trois fois plus, tous prisonniers de droit commun.
Dans le centre-ville, des hommes en armes sont postés devant des édifices publics vides d'employés depuis que le principal syndicat du pays a appelé mi-avril à une grève générale pour protester contre le coup d'Etat du 12 avril.
Ce nouveau putsch dans ce pays à l'histoire marquée par les violences politiques et militaires, miné par le trafic de drogue, a conduit à l'arrestation de l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior et du président intérimaire Raimundo Pereira, libérés le 27 avril, réfugiés à Abidjan.
La junte militaire refuse que M. Pereira, ex-président de l'Assemblée nationale, soit maintenu dans ses fonctions et l'ex-parti au pouvoir a rejeté la proposition de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) d'en nommer un issu d'un nouveau bureau du Parlement.
"Electricité rationnée"
La Cédéao a décidé début mai le déploiement d'une force ouest-africaine pour "garantir le retrait" de la mission angolaise (Missang) controversée et "assurer la sécurité de la transition", mais sans donner de délai.
Elle doit envoyer d'ici vendredi à Bissau une nouvelle mission pour tenter de sortir de l'impasse sur les organes de la transition et de ses dirigeants, et évoquer le déploiement de la force militaire.
Au marché de Bandim, sur l'une des principales artères de la capitale, les commerçants attendent désespérément."Les fonctionnaires ne sont pas payés.Du coup, le pouvoir d'achat a chuté.Nous ne trouvons pas de clients", déclare Abdou Ndiaye, commerçant sénégalais.
A la tombée de la nuit, la capitale replonge dans le noir avec les phares de véhicules comme seuls points lumineux.
"Nous rationnons la fourniture de l'électricité car des sept groupes que nous avons, seuls trois fonctionnent", indique un cadre de la compagnie d'électricité.
La plupart des bornes-fontaines sont à l'arrêt en cette période de canicule et dès la levée du jour, les femmes sont en quête d'eau.
Au port de Bissau, des camions attendent l'ouverture des portes pour décharger du cajou, principal produit d'exportation du pays.
Fin mars, le gouvernement avait fixé à 250 FCFA (0,38 euro) le kg de cajou qui se négocie actuellement entre 150 FCFA (0,22 euro) et 200 FCFA (0,30 euro).
"Nous n'avons plus le droit de retirer (à la banque) plus d'un million (de FCFA, 1.524 euros).C'est une décision injuste mais que nous comprenons à cause de la situation qui prévaut dans le pays", dit Souleymane Diallo, un négociant de cajou.
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