« La Croissance » selon François Hollande

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A l'heure où l'austérité est prônée dans les programmes économiques européens, François Hollande, nouveau président de la république élu le 6 mai 2012, entend mettre en place une relance de la croissance sur une idée keynésienne. Selon Nicolas Sarkozy, qui s'exprima sur ce sujet lors du débat du second tour de l'élection présidentielle, ce plan est une « folie dépensière ». Et pourtant, au vu de la situation actuelle de la Grèce ou de l'Espagne, on peut déduire que la rigueur ne permet pas forcément de sortir un pays d'une crise financière. Les propositions de François Hollande concernant la politique de croissance qu'il entend mener en tant que nouveau Président de la République sont optimistes : celui-ci fonde une hypothèse de croissance économique de +2,5% d'ici à 2015, aujourd'hui réduite à +0,5%. Ensuite il s'agirait pour lui de réduire au mieux le déficit public avec pour objectif de passer de -4,5% par rapport au PIB à -3% en 2013 et d'atteindre 0% en fin de mandat, c'est à dire d'ici 2017. L'objectif, nous explique Guillaume Duval, rédacteur en chef de « L'économie Politique », est d'augmenter les dépenses légèrement moins vite que la croissance pour obtenir une relance théoriquement stable de l'économie. Selon lui, ces objectifs sont envisageables sauf en cas de crise européenne majeure incontrôlable.Ce programme se définit sur un plan européen d'une part, et national de l'autre. Le premier concerne principalement le pacte budgétaire européen, ou "traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance", signé par 25 pays européens dont la France le 2 mars 2012 pour fixer les règles de l'équilibre budgétaire. Avant le premier tour de l'élection présidentielle, François Hollande avait déclaré au quotidien allemand "Handelsblatt" qu'il bloquerait le pacte si ce dernier ne « contenait pas des mesures de croissance ». Cela s'annonce de prime abord difficile, car le gouvernement Merkel s'oppose à toute renégociation du traité. Pierre Moscovici, le directeur de campagne de François Hollande, déclare être persuadé qu'un compromis pourra néanmoins être trouvé.Pourtant, dans cette optique de croissance Hollande se retrouve suivi par de nombreux pays de l'espace européen notamment ceux dont le gouvernement est social-démocrate comme l'Autriche, la Belgique ou le Danemark. Une autre des mesures de ce plan implique la Banque Européenne d'Investissement (BEI), institution dont François Hollande souhaite augmenter le capital pour qu'elle puisse investir plus aisément dans les PME. Il prévoit également le renforcement de taxes sur les transactions bancaires. L'ensemble de ces actions pourraient, à terme, apporter un déboursement de 200 milliards d'euros à réinjecter en investissement dans la zone Europe.Le volet national du programme prévoit un renforcement de la croissance par un soutien du pouvoir d'achat, en indexant par exemple le SMIC sur la croissance, c'est-à-dire que son montant fluctuera en fonction du pourcentage de variation de la croissance, l'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire ou encore la fixation du prix de l'essence pour une durée limitée. Le prix de l'essence stagnant à l'heure actuelle, cette dernière mesure a été temporairement mise en suspens.A plus long terme, le nouveau président souhaite mettre en place des mesures favorisant l'emploi comme le contrat de génération, proposant d'engager un jeune professionnel formé directement par un senior de l'entreprise, ou encore la sécurisation des parcours professionnels. François Hollande entend enfin s'attaquer à la fiscalité française, accordant à l'heure actuelle une grande quantité d'aide financière extrêmement spécifique, ces «niches fiscales » rendant le système financier complexe et opaque. Ce programme orienté vers la croissance par la dépense se heurte à des réticences en Europe à l'instar de Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne déclarant que la croissance ne peut se faire « par des déficits mais par des réformes structurelles. » L'ensemble de mesures émises par le président socialiste français présente une part d'incertitude mais a l'avantage de proposer une alternative concrète aux politiques d'austérité économique en vogue en Europe.Simon Chabasse

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