Le Soudan et le Soudan du Sud doivent reprendre mardi à Addis Abeba des négociations interrompues depuis des combats ayant mis les deux voisins au bord d'un conflit généralisé début avril en raison des différends accumulés depuis l'indépendance du Sud en juillet dernier.
Les pressions internationales ont contraint Khartoum et Juba à retourner à la table des négociations.
La brève conquête le mois dernier par l'armée sud-soudanaise du plus important puits de pétrole soudanais, celui de Heglig, et une série de bombardements soudanais en territoire sud-soudanais avaient fait craindre une reprise généralisée des hostilités.
Si les combats les plus violents ont depuis cessé, les deux parties continuent de s'accuser mutuellement d'actions militaires sur le sol de l'autre.
Avant de s'envoler pour Addis Abeba, le négociateur en chef sud-soudanais Pagan Amum a affirmé lundi que les Soudanais "bombardaient le Soudan du Sud, attaquaient le Soudan du Sud et continuaient d'envoyer des groupes armés déstabiliser le Soudan du Sud".
Le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, a fait état en particulier de bombardements aériens et de tirs d'artillerie de longue portée depuis trois jours contre l'Etat sud-soudanais de Bahr el Ghazal-Nord, des accusations impossibles à vérifier de source indépendante.
Khartoum, qui a toujours réfuté de précédentes accusations similaires de Juba par le passé, a pour sa part saisi le Conseil de sécurité de l'ONU en accusant le Soudan du Sud de plusieurs attaques la semaine dernière sur des localités du Darfour-Sud, en territoire soudanais.
En dépit de ces accusations croisées, le négociateur sud-soudanais a assuré être "plus optimiste que jamais auparavant, car nous avons désormais une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU fixant un délai de trois mois pour parvenir à un accord" avec le Soudan.
M. Amum faisait référence à une résolution votée au début du mois à New York et appelant les deux pays, sous peine de sanctions, à cesser les hostilités et à résoudre leurs différends par la négociation.
Le président soudanais Omar el-Béchir s'est pour sa part dit prêt à retirer ses soldats de la région d'Abyei, revendiquée par les deux pays, selon ses propos rapportés par l'ancien président américain Jimmy Carter qui l'a rencontré dimanche.
Le Soudan du Sud a déjà de son côté retiré le 10 mai ses 700 policiers de cette zone frontalière, comme l'a confirmé l'Union africaine.
Le médiateur de l'UA, l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, a multiplié récemment les déplacements entre Khartoum et Juba pour convaincre les deux capitales de reprendre mardi les discussions, alors qu'elles auraient dû le faire déjà depuis le 16 mai selon la résolution de l'ONU adoptée le 2 mai.
"L'UA fait tout ce qui est en son pouvoir à tous les niveaux pour faire de la reprise de ces négociations un succès, car la paix est la seule solution, la guerre ne peut apporter de solution", a déclaré à l'AFP Noureddine Mezni, porte-parole du président de la Commission de l'UA Jean Ping.
Aucune précision n'était encore disponible quant à l'heure de la reprise des discussions, leur durée ou le niveau de représentation de chaque pays.
L'objet immédiat de ces négociations est de renforcer la sécurité à la frontière, notamment en obtenant des deux pays un engagement clair à respecter une zone démilitarisée.
Si cet objectif est atteint, les discussions pourraient s'élargir aux différends demeurés sur la table depuis un accord de paix de 2005 ayant mis fin à plusieurs décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud ayant ouvert la voie à l'indépendance de ce dernier.
Les principaux sujets de contentieux sont la délimitation de la frontière commune, le partage des revenus pétroliers et le statut de plusieurs zones contestées.
"Les jours à venir sont cruciaux (...) Ils doivent permettre d'ouvrir la voie à un succès des négociations et de restaurer la confiance", a déclaré M. Mezni.
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