L'ultramarathon des Comrades, l'Everest des coureurs en Afrique du Sud

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DURBAN (AFP) - (AFP)

L'ultramarathon des Comrades, près de Durban en Afrique du Sud, 90 km de course à pied dans les collines du Kwazulu-Natal, est aussi ancien que le premier raid sur l'Everest auquel il peut se comparer par sa passion de l'effort extrême.

Mais les "Comrades" perpétuent depuis l'origine, en 1921, une singularité: une ambiance digne du Tour de France sur le bord de la route et le traitement de héros accordé aux derniers classés qui ont droit aux mêmes honneurs que les meilleurs, sinon davantage.Médaille, bouquet, temps d'antenne...

Plus 19.500 coureurs étaient inscrits pour la 87e édition dimanche, dont 1.168 étrangers.Un commentateur télé a offert une longue minute de gloire à une participante de Singapour exclue sur la ligne d'arrivée par le couperet éliminatoire des douze heures de course maximum.

Depuis sa fondation par des vétérans de la guerre de 1914-18 pour célébrer le dépassement physique et la solidarité humaine, les Comrades cultivent ainsi le mythe et les traditions.

Les anecdotes abondent, la course a son musée, les récits de coureurs terminant à quatre pattes ou en civière ne se comptent plus, et la liste des conseils à observer pour tenir bon peut facilement tenir l'auditoire en haleine plus longtemps que la course elle-même, soit 5 heures 31 minutes et 3 secondes pour le premier classé cette année, le Sud-Africain Ludwick Mamabolo, 35 ans.

L'on raconte ainsi que Arthur Newton, grand gentleman devant l'éternel et vainqueur de cinq éditions à partir de 1922, a une année humblement cédé ses trophées au second, estimant qu'il avait eu plus de temps que les autres pour s'entraîner.

On se rappelle aussi comment le Sud-Africain Bruce Fordyce, neuf fois victorieux, mettait la foule en extase dans les années 1980 en serrant la main du leader de la course, juste avant de détaler et le dépasser au dixième kilomètre avant la fin.

 Le chant du coq donne le départ

Lui-même compare le Comrades au Tour de France.Même ambiance, même foule massée le long du parcours pour pique-niquer, danser, applaudir.

Et puisqu'on est en Afrique du Sud, la course a ses "Big Five" comme dans les safaris.

Il ne s'agit pas des animaux les plus difficiles à chasser, mais des plus gros dénivelés à franchir, tous les ans dans un sens différent puisque la ligne de départ alterne entre Durban (dénivelé total positif) et Pietermaritzburg (dénivelé négatif).

Le rituel du départ, lui, est immuable.Il est 5h30, il fait nuit noire, frisquet, les rangs sont serrés, les athlètes piétinent, braillards, émus, inquiets, concentrés.Le plus âgé cette année avait 83 ans.

Tous ont dans les jambes six mois en moyenne d'entraînement intensif et au moins un marathon récent obligatoire pour se qualifier.Ils attendent le signal de la première foulée, un chant du coq suivi d'un coup de canon.

Boum.Les coureurs s'élancent, hurlent le nom de leur mère devant les caméras.C'est parti pour douze heures et demie de direct télévisé.

L'objectif pour beaucoup est de ne pas abandonner et d'atteindre coûte que coûte les quelques mètres carrés de pelouse couleur jaune margarine, matérialisant la ligne d'arrivée dans le stade Sahara de Durban.

"Ce n'est pas une question de vitesse, c'est un test physique et mental", explique Michael Haines, 43 ans, un humanitaire américain venu d'Afghanistan où il s'entraîne sur un tapis roulant.

Va-t-il souffrir?"Bien sûr, la question sera de savoir quand et dans quelle proportion", dit-il.

La veille, Pieter West, un volontaire, a recommandé aux coureurs de forcer sur la vaseline ou le sparadrap pour protéger leur peau salée par la transpiration: "Des coureurs ont la poitrine en sang à cause du frottement".

Quand l'aube se lève, les plus rapides ont déjà avalé la première bosse, et chacun peut commencer à répondre à la question qui enchante les novices et les curieux: le parcours est-il plus facile en descente vers Durban ou en montée vers Pietermaritzburg?

Bruce Fordyce assure à l'AFP que le profil descendant "est un peu plus facile, mais fait plus mal".Cette année, pour sa trentième participation, il entraînait Zola Budd, légende de l'athlétisme international, mais terriblement intimidée de courir à 46 ans son premier Comrades."La course la plus dure de ma vie mais la plus exquise", dira-t-elle après l'épreuve terminée en 8h06:09.

Loin derrière la spécialiste russe, Elena Nurgalieva, qui domine, avec sa jumelle Olesya, le podium féminin depuis dix ans et a emporté sa 7e victoire d'affilée en 6h07:12 dimanche.

Les Comrades n'ont été ouverts officiellement aux Noirs et aux femmes qu'en 1975.Jusqu'à la fin de l'apartheid, la course a servi de substitution aux grandes compétitions internationales dont était privée une Afrique du Sud mise à l'index sportif.

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