Le premier des avocats de la défense à plaider au procès de six Somaliens pour la prise d'otages du voilier Le Ponant, en 2008, a estimé mardi que l'accusation reposait essentiellement sur "la parole des victimes" et que les droits des accusés avaient été "bafoués" à l'instruction.
"Personne ne conteste aux victimes la douleur qu'elles ont subie" mais "vous ne pouvez pas sacrifier la liberté d'un homme sur l'autel de la compassion", a déclaré Me Cédric Alépée.Son client, Abdullahi Youssouf Hersi, 25 ans, a toujours clamé son innocence dans la prise d'otages des 30 membres d'équipage du Ponant, en avril 2008.
Les otages avaient été libérés au bout d'une semaine contre une rançon de 2,15 millions de dollars.Comme ses co-accusés, Youssouf Hersi, qui se présente comme "chauffeur-livreur", avait été interpellé à terre quelques heures plus tard.Il conduisait le 4X4 où se trouvaient les cinq autres mis en cause, des armes et 181.000 dollars.
Il a toujours affirmé n'être jamais monté sur le Ponant.Il a dit avoir été payé 100 dollars pour cette course et assuré qu'il ne connaissait pas les autres passagers.
"En quatre ans, on n'a jamais pu entendre les militaires français qui ont interpellé ces six-là", a déploré Me Alépée.
"Seulement trois membres d'équipage sur trente" disent l'avoir reconnu quand les photos des six hommes leur ont été présentées, a-t-il ajouté."Dans une affaire correctionnelle ou criminelle, on ne se contente jamais de la parole des victimes.On procède à un tapissage (ndlr: présentation du suspect avec d'autres individus dont l'innocence est reconnue).Ca n'a pas été fait".
"Dans cette affaire, ça a été: +emballé, c'est pesé!", a protesté Me Alépée, jugeant que "le droit français a été bafoué" et qu'"on n'a pas respecté les droits élémentaires de la défense".
Sa consoeur, Me Charlotte Platin, a énuméré les "éléments à décharge" concernant Youssouf Hersi: "erreur de numérotation des fichiers photographiques", aucune mention de son nom dans la "boîte noire" qui enregistrait les conversations dans la timonerie ou sur une liste de pirates retrouvée à bord, "absence d'ADN ou d'empreintes sur le bateau", "mise hors de cause par les autres accusés" ...
"Il est là au mauvais endroit, au mauvais moment", a-t-elle affirmé, demandant son acquittement.
L'avocat général, Bruno Sturlese, a requis lundi "10 à 12 ans de réclusion criminelle" pour Youssouf Hersi et quatre autres accusés, demandant une peine de 15 ans pour le seul qui reconnaît être un pirate.
Les plaidoiries doivent se poursuivre jusqu'à mercredi, avant le verdict jeudi.
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