En Somalie, depuis le départ des shebab, la vie reprend son cours à Hudur

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HUDUR (AFP) - (AFP)

Sur un bout de terrain vague, de jeunes garçons foncent, sur leurs vélos, autour d'un terrain de foot improvisé où jouent leurs amis, pieds nus et couverts de poussière.

Ailleurs, la scène serait banale.Mais à Hudur, dans le centre de la Somalie, elle a des allures de révolution: la petite ville de 40.000 à 50.000 habitants sort tout juste de trois ans sous contrôle des insurgés islamistes shebab.

Jusqu'à ce que les rebelles soient chassés des lieux par les troupes éthiopiennes, entrées fin 2011 en Somalie pour soutenir les troupes gouvernementales somaliennes contre les shebab, le football était ici interdit.

Les hommes avaient dû troquer leurs jeans pour des pantalons s'arrêtant à la cheville et la tunique islamique, les femmes leurs légers voiles colorés pour le voile intégral.

"Beaucoup de choses ont changé quand les shebab ont pris le contrôle", raconte Hussein Ali Abdi, fan du club de foot anglais Manchester United qui montre fièrement le jean qu'il porte depuis le départ des islamistes en avril."Les écoles ont fermé, le football a été interdit."

Aujourd'hui, des hommes sirotent leur thé, à l'ombre, pendant que des femmes discutent bruyamment près du stade de football.

"On était frappé cent fois"

Le jeune fan de Manchester United, âgé de 19 ans, raconte comment tout a changé du jour au lendemain quand les insurgés ont abandonné la ville.Les habitants ont enfin pu écouter de la musique autre que religieuse, et regarder à nouveau la télévision.

"A chaque fois qu'on écoutait de la musique, on était frappé cent fois", poursuit Hussein Ali Abdi, "dix personnes vous frappaient dix fois."

Dans les rues sablonneuses de Hudur, où les immeubles qui abritaient souvent dans le passé des services gouvernementaux s'effritent, des chèvres bêlent.Sur le marché, se livre un assourdissant commerce de vêtements d'occasion, ce qui était aussi interdit sous les shebab.

"Les shebab sont restés ici trois ans et il faudra encore trois ans à la population pour oublier ce qu'ils nous ont fait et appris", dit, amer, l'imam de la mosquée locale de Buulow, Cheikh Ali Ibrahim.

Les insurgés lui avaient interdit d'exercer.Quand la ville était sous contrôle shebab, il passait son temps à entretenir ses maigres récoltes, dans sa ferme.

"Les leaders religieux et les autres chefs coutumiers qui ne se pliaient pas à leurs règles étaient arrêtés", raconte l'imam."La religion (des shebab) est quelque chose qu'ils ont fabriqué, elle ne se réfère pas au prophète Mahomet", dénonce-t-il.

Même si la petite ville de Hudur est aujourd'hui relativement sûre, les shebab sont encore présents dans les environs, à une vingtaine de km.

Les rebelles font l'objet d'une pression militaire accrue depuis quelques mois, pris dans l'étau d'une offensive armée régionale depuis que les troupes éthiopiennes et kényanes se sont lancées à leur poursuite en soutien des troupes gouvernementales et de la force de l'Union africaine (Amisom) qui les appuyaient déjà.

Mais ils contrôlent encore de larges parts du centre et du sud somaliens.

"Seule Hudur a été libérée pour le moment", reconnaît le gouverneur de la province de Bakol, Mohamed Abdi."Les terroristes contrôlent encore les villages en dehors de la localité."

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