Dix-huit ans après la fin de l'apartheid, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l'ANC, se cherche un nouveau souffle et débat à partir de mardi des réponses à apporter à la transformation inachevée du pays, notamment la redistribution des terres et des profits miniers.
Quelque 3.500 délégués seront réunis à Johannesburg venus de tout l'ANC, au pouvoir sans discontinuer depuis 1994 mais préoccupé de son possible "déclin" selon les documents soumis à cette conférence nationale de quatre jours.
La nature de l'intervention de l'Etat dans l'économie sera très largement au coeur des débats, dans un pays qui a vu émerger une classe aisée multiraciale mais où la rancoeur de millions de laissés-pour-compte est croissante.
Les querelles de personnes, notamment le leadership du président Jacob Zuma en lice pour un nouveau mandat, ne seront pas discutées et renvoyées à un congrès en décembre à Mangaung (centre), de même que les décisions finales sur ce qui sera le programme de l'ANC pour les cinq ans à venir.Mais elles seront la toile de fond.
Zuma appelle à une "seconde transition"
Le président Zuma veut imposer la nécessité pour l'Afrique du Sud de regarder vers les 30 à 50 prochaines années et de faire sa "seconde transition".
En résumé: après le droit de vote pour tous en 1994 et la libération politique, place désormais au changement économique qui n'a pu être que très partiellement réalisé en raison des compromis acceptés lors de l'avènement de la démocratie.
"La structure de l'économie de l'apartheid colonial demeure, incapable sous cette forme de créer une croissance plus forte ou bénéficiant à davantage de monde", souligne l'un des documents.
"Le succès de la conférence est dans la convergence de vues des courants de l'ANC, indiquant là où nous voulons mener l'ANC et le pays pour répondre aux défis qui sont les nôtres: chômage, pauvreté, inégalités", a exposé lundi à l'AFP le ministre de la Justice Jeff Radebe, l'un des coordinateurs de la conférence.
Faire fructifier les richesses du sous-sol
Pour financer son projet d'importante construction d'infrastructures, l'ANC se propose ainsi de faire davantage fructifier les richesses de son sous-sol (platine, cuivre, fer, charbon, etc) au profit des caisses publiques.
L'option d'une nationalisation a été écartée, trop chère politiquement et économiquement.Il faudrait presque 1.000 milliards d'euros pour indemniser les entreprises, a calculé l'ANC, et ne pas les indemniser imposerait de modifier la Constitution et ferait fuir les investisseurs, selon le parti.
L'ANC se propose d'introduire un "super impôt" sur les bénéfices excédant 15% de retour sur investissement.Cela rapporterait près de 4 milliards d'euros au gouvernement, un chiffre contesté par la chambre des mines selon la presse.
Le parti est également très attendu sur la question des terres, ultra-sensible pour la minorité de Blancs héritiers des grands domaines agricoles et fonciers.
Ces derniers possèdent plus de 80% des terres, tandis que d'autres peinent à se loger ou à se nourrir.
La vente libre au plus offrant n'a pas inversé la donne.
L'ANC veut donc une réforme plus radicale, sans dit-il perturber la sécurité alimentaire du pays alors que les ratages de la réforme agricole du Zimbabwe voisin, émaillée de violences au début des années 2000, font figure de repoussoir.En plus de ces mesures, reste "une option politique distincte, le recours à l'expropriation +là où c'est nécessaire+ en accord avec la Constitution", indique l'un des documents.
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