Le président de la Transition malgache Andry Rajoelina et son principal rival, l'ex-président Marc Ravalomanana, vont devoir enfin aborder directement les sujets qui fâchent lors d'un tête-à-tête imposé mercredi aux Seychelles par les pays d'Afrique australe.
Les deux hommes se déjà croisés depuis que Rajoelina, alors maire d'Antananarivo, a déposé Ravalomanana lors d'une révolte populaire au début 2009, mais ils ont toujours évité le face-à-face direct.
Leurs lieutenants ont déjà signé des armistices à plusieurs reprises, sans réussir toutefois à trouver une solution qui permettrait à la Grande Ile de sortir de la crise --politique, mais aussi économique et sociale-- dans laquelle elle est engluée depuis plus de trois ans.
"La rencontre aux Seychelles aura un impact important s'ils arrivent à se mettre d'accord.(...) Rajoelina a toujours refusé de rencontrer Ravalomanana, mais maintenant je crois qu'il veut trouver un moyen de mettre fin à la crise", estime Juvence Ramasy, politologue à l'université de Tamatave (nord-est).
"Ils devraient se mettre d'accord sur un partage du pouvoir, sur l'élection présidentielle, ils doivent être tous deux candidats, et, bien sûr, Ravalomanana doit rentrer à Madagascar", ajoute-t-il.
Parmi les principales pierres d'achoppement: le retour au pays de l'ancien président --qui vit en exil en Afrique du Sud--, ses démêlés avec la justice, et la question des candidatures à la future présidentielle, qui pourrait avoir lieu en mai ou juin 2013.
Une "feuille de route" de sortie de crise signée en septembre par tous les partis malgaches prévoit bien le retour sans condition de Ravalomanana, mais l'ancien homme fort du pays a été condamné aux travaux forcés à perpétuité par contumace après la mort de plusieurs dizaines de manifestants, tués par sa garde présidentielle en 2009.
Ardoise de plusieurs dizaines de millions
Une récente loi d'amnistie ne le concerne pas, et les autorités malgaches ont averti qu'il serait arrêté à son arrivée s'il rentrait au pays.Ravalomanana conteste sa condamnation, prononcée par une cour ordinaire théoriquement pas compétente pour juger un président.
Quand bien même il ne serait pas inquiété par la justice, les modalités de son retour doivent de toute façon être négociées, le camp Rajoelina préférant qu'il rentre discrètement pour éviter toute manifestation importante.
Marc Ravalomanana, qui a toujours dit qu'il rentrerait pour se présenter à une future élection présidentielle (et l'emporter), doit en outre pouvoir se présenter.
Un projet de loi voté par le Parlement exclut les individus condamnés pour crime, et précise que les candidats doivent avoir payé leurs impôts.Or, l'ancien président a une ardoise de plusieurs de dizaines de millions d'euros laissée par sa société agroalimentaire Tiko, dont les infrastructures et les biens ont été détruits ou volés depuis 2009 et qui ne fonctionne plus.
"Il est important que les deux prennent des décisions pour la Nation et non pour leurs intérêts personnels.Ils doivent faire des concessions, sinon, ça (la rencontre) sera inutile", juge Ernest Razafindraibe, président du Comité National d'observation des élections et de l'éducation des citoyens (CNOE).
"Il n'y aura pas de solution avec cette rencontre.Ils n'ont jamais pu en trouver", prévoit de son côté Lalatiana Rakotondrazafy, directrice de la radio privée Free FM, une ancienne alliée de Rajoelina devenue l'une de ses plus farouches opposantes.
La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) a sommé les deux protagonistes de se mettre d'accord d'ici le 31 juillet, sous peine de désavouer le responsable d'un éventuel échec.
L'organisation régionale a organisé la rencontre dans la plus grande discrétion sur la petite île seychelloise de Desroches, un paradis touristique perdu au milieu de l'océan Indien.
Le président sud-africain Jacob Zuma, qui dirige la "troïka", l'organe de défense de la SADC, est attendu sur l'île mercredi, pour consacrer un accord, ou éventuellement faire pression sur les deux hommes.
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