Mali: les principaux partis réclament la démission du Premier ministre

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BAMAKO (AFP) - (AFP)

Le front formé par les plus importants partis politiques du Mali après le coup d'Etat militaire du 22 mars a réclamé mardi la démission du Premier ministre et de son gouvernement dont il dénonce "l'incompétence et l'amateurisme" alors que le nord du pays reste occupé par des islamistes armés.

Le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR) affirme dans un communiqué que "force est de constater que, trois mois après sa formation, le gouvernement de transition dirigé par Cheick Modibo Diarra ne fait que s'enliser dans l'incompétence et l'amateurisme et le Mali continue de s'enfoncer" dans la crise.

Le FDR "les invite en conséquence à démissionner en vue de faciliter les consultations pour la mise en place d'un nouveau Premier ministre et d'un gouvernement d'union nationale".

Cette demande du FDR, qui regroupe 40 partis politiques - dont les plus importants du Mali - et une centaine d'organisations de la société civile, intervient alors que M. Diarra avait promis le 16 juillet un "cadre consultatif comprenant toutes les forces vives" pour former un gouvernement d'union.

La formation d'un tel gouvernement a été exigée par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) au plus tard le 31 juillet.

M. Diarra avait présenté le lendemain au médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, le président burkinabè Blaise Compaoré, une "feuille de route" pour sortir son pays de la crise.

Le FDR estime que cette "feuille de route" est "plutôt un plan d'actions sans aucune vision politique et stratégique, et sans chronogramme ni délai précis, manifestement concocté sous la pression des événements et dans lequel les priorités brûlantes de la Nation ne sont guère mises en évidence".

Le FDR reproche en particulier à M. Diarra de n'avoir "aucune stratégie pour libérer, par la guerre ou par la négociation", le nord du Mali, soit plus de la moitié du territoire occupé depuis près de quatre mois par les groupes islamistes armés, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

"Incapable"

"Dans les deux-tiers occupés de notre pays, le peuple subit quotidiennement souffrances et humiliations" et "le Premier ministre est réticent à demander le concours de la communauté internationale pour sortir le pays de cette tragique situation", selon le FDR.

La Cédéao se dit prête à envoyer une force de quelque 3.000 hommes au Mali, mais attend une demande formelle des autorités de transition de Bamako et souhaite disposer d'un mandat de l'ONU.

Le FDR affirme en outre que "le gouvernement a été incapable d'assurer la protection du président de la République sauvagement attaqué le 21 mai dans ses bureaux" à Bamako.Le président par intérim, Dioncounda Traoré se trouve depuis en convalescence à Paris.

Selon le front anti-putsch, le gouvernement "se montre incapable de conduire une enquête sérieuse sur cette odieuse agression".

Il note encore que "de graves violations des droits de l'homme, arrestations arbitraires, détentions illégales, tortures abominables (...), allégations d'exécutions sommaires ne font l'objet de la moindre attention du gouvernement ou d'enquêtes indépendantes dans le simple respect de la loi".

"L'inaction du gouvernement face à ces graves atteintes aux droits constitutionnels des citoyens, aux libertés individuelles et collectives encourage l'impunité et la persistance de ces actes criminels", ajoute le FDR.

Il reproche également à M. Diarra de ne pas avoir engagé "les préparatifs" en vue d'élections générales théoriquement prévues en avril 2013, un an après la période de transition.

"Au regard d'un bilan aussi négatif (...) le FDR émet de sérieux doutes quant à la capacité de ce Premier ministre et de ce gouvernement à conduire la transition", conclut le FDR.

M. Diarra, astrophysicien de renommée internationale, nommé par Dioncounda Traoré, est en poste depuis le 24 avril.Il a été critiqué au Mali et à l'étranger pour n'avoir pas su asseoir son autorité depuis sa nomination

La mise en place d'un gouvernement d'union nationale, jamais formé, faisait pourtant partie d'un accord de retour du pouvoir aux civils signé le 6 avril par les putschistes qui avaient renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré et par la médiation de la Cédéao.

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