Soudan: deux à cinq ans de prison pour des journalistes d'opposition

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KHARTOUM (AFP)

Un tribunal soudanais a condamné jeudi à des peines allant de deux à cinq ans de prison trois journalistes du quotidien d'opposition Ray al-Shaab (l'opinion du peuple) pour la publication d'articles "erronés", a indiqué leur avocat.

Ces condamnations interviennent deux mois après la suspension par les autorités soudanaises de la parution de ce quotidien de l'opposant islamiste Hassan al-Tourabi, ancienne éminence grise du pouvoir à Khartoum aujourd'hui en lutte ouverte contre le président Omar el-Béchir.

Quatre journalistes de ce quotidien avaient été arrêtés pour avoir publié des informations "erronées" sur le soutien populaire au président Béchir, vainqueur des élections d'avril et pour avoir fait état de la présence au Soudan d'une usine produisant des armes pour l'Iran et du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Trois des quatre membres de la rédaction ont été condamnés jeudi pour avoir "attaqué l'Etat en vue de miner le système constitutionnel" et "publié des informations erronées", en vertu du code pénal de 1991, institué dans la foulée du coup d'Etat du président Béchir de juin 1989.

Abou Zar Ali al-Alamin, vice-éditeur en chef du quotidien Ray al-Shaab, a été condamné à cinq ans de prison, a déclaré l'avocat Abdelmoneim Osmane Idriss, à la sortie de l'audience à la cour criminelle de Khartoum-Nord.

Ashraf Abdelaziz et Tahir Abou Jawhara, travaillant tous deux au sein de la rédaction, ont reçu chacun des peines de deux ans de prison.Le quatrième journaliste, Ramadan Mahjoub, a été libéré, a précisé l'avocat.

L'article 50 du code pénal prévoit une peine pouvant aller jusqu'à la prison à vie, mais les avocats avaient demandé la clémence de la justice dans cette affaire.

"Nous avons demandé à la justice de ne pas leur donner une peine sévère en rappelant que le président Béchir avait accordé l'amnestie (en février, ndlr) à des personnes qui avaient attaqué (la ville d') Omdurman.Mais ces journalistes, ils n'ont attaqué personne avec des armes, ils utilisent leur plume", a fait valoir l'avocat.

"Nous ne pouvons accepter cela et c'est pourquoi nous interjetons appel de la décision de la cour", a ajouté Me Idriss.Ce dernier a par ailleurs indiqué que la justice soudanaise avait décidé de la saisie du journal et des biens appartenant à la société qui en est propriétaire.

Les rebelles darfouris du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) avaient attaqué en mai 2008 Omdurman, la ville jumelle de Khartoum.Le président Omar el-Béchir avait autorisé en février la libération d'une cinquantaine de rebelles ayant participé à cette offensive sans précédent.

Des avocats de la défense s'étaient retirés en juin dernier de l'affaire de Ray al-Shaab, estimant que la cour ne leur permettait pas de présenter les témoins souhaités afin d'établir l'inocence des journalistes.

Une loi consacrant la "liberté de la presse" dans les limites du respect de la "sécurité nationale" et de la "moralité publique" avait été adoptée en octobre dernier par les parlementaires soudanais.

Mais depuis la mi-mai, après les élections nationales d'avril, les autorités ont resserré le contrôle des médias.

Les renseignements soudanais ont imposé à nouveau début juillet la censure dans la presse et fermé le journal al-Intibaha, jugé très critique envers le Sud-Soudan au moment où le président Béchir fait campagne pour l'unité du pays, où un référendum sur l'indépendance de cette région est prévu en janvier .

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