Taux élevé de cuivre dans l'organisme, brûlures, maux de ventre: à Lumbumbashi au Katanga, dans le sud-est de la RDC, 500 familles accusent une usine de traitement du cuivre de rejets nocifs, mais l'entreprise nie être à l'origine de la pollution.
"Vous voyez, la terre est blanche au lieu d'être noire, ce sont les traces d'acide.Même l'herbe ne pousse plus", lance amer Pâcome Nyangi, 36 ans, dont la maison se trouve à une dizaine de mètres de l'imposante clôture de l'usine Chemical of Africa (Chemaf), bâtie sur une petite colline de cinq hectares au-dessus du quartier Chamilemba.
Plus de 500 familles de ce quartier pauvre vivent à proximité de cette société de traitement du cuivre et du cobalt, installée depuis 2002 dans la capitale de la vaste province au sous-sol très riche en minerais.
A chaque saison des pluies, une eau blanchâtre issue de l'usine Chemaf ruisselle entre les maisons.Les habitants y voient une pollution "à l'acide sulfurique".
Certains se plaignent régulièrement de maux de ventre après avoir consommé de l'eau, ou d'autres, de lésions cutanées, comme Baarti Masida, 28 ans, mère de trois enfants.
"Ca ne fait pas mal, mais ça chatouille", dit la jeune dame, en montrant ses avant-bras recouverts de brûlures, tandis qu'elle étend son linge.
"L'eau que nous buvons est polluée", affirme M. Nyangi, un agent de sécurité qui vit depuis six ans avec ses trois enfants dans ce quartier, où plus de 70% des propriétés appartiennent à des travailleurs de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC).
Chercheur en toxicologie et environnement à l'université de Lubumbashi, le professeur Celestin Banza Lubaba a "constaté des taux anormalement élevés de cobalt, de cuivre, d'uranium dans l'organisme humain, un phénomène qui s'explique par les rejets industriels dans l'atmosphère, dans les eaux".
"Plus les personnes vivent à côté des usines, plus le niveau d'exposition est élevé", souligne le scientifique, qui préconise une distance d'au moins 10 km entre usines de minerais et habitations.
Malgré cela, l'entreprise nie être à l'origine de la pollution, qui n'a officiellement causé aucun décès.
La direction de Chemaf, un des plus gros exportateurs de cuivre et de cobalt de la région assure avoir mené "une étude d'impact environnementale" avant de démarrer ses activités en 2002.
"Je ne pense pas que Chemaf soit à l'origine de la pollution.Le sulfate de sodium émis dans la nature n'est pas nuisible à la santé", se défend Joe Katembo, chimiste de formation et responsable de la production de cette entreprise indo-congolaise qui emploi plus de 3.000 personnes.
A l'hôpital de la SNCC, dont les patients proviennent en majorité de Chamilemba et d'autres quartiers défavorisés, le corps médical affirme n'avoir relevé aucune maladie liée directement à la pollution.
"Ici, nous avons des cas d'hypertension, de diarrhée et de pneunomopathie", assure Albertine Masengo Bwalia, une infirmière de cet hôpital, héritage de la colonisation belge, aux bâtiments vétustes.
Mais à Lubumbashi, où la "pollution est un sujet qui fâche" d'après un officiel congolais, une relocalisation des usines en dehors de la ville n'est pour le moment pas à l'ordre du jour.
Chemaf dit cependant apporter une assistance médicale et sociale à ses voisins de Chamilemba - ce qu'ils réfutent - et entrevoit "à long terme" de les recaser sur un autre site.
En attendant, elle a fait creuser un caniveau d'un mètre de large de part et d'autre de la clôture pour contenir ses eaux usées, à deux semaines de la nouvelle saison des pluies qui durera six mois.
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