Le parc de Nouabalé Ndoki, classé en juin au patrimoine mondial de l'Unesco, au nord du Congo, abrite une forêt tropicale vierge de toute exploitation industrielle et regorgeant d'une importante faune mais, à sa périphérie, les éléphants sont menacés par le braconnage.
Le parc de Nouabalé Ndoki, créé en 1993, fait partie du Tri national de la Sangha (TNS) qui regroupe aussi les parcs frontaliers de Zanga, en Centrafrique et de Lobéké, au Cameroun.Il a été ajouté à la liste du patrimoine mondial par l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) fin juin à Saint-Pétersbourg (Russie).
Nouabalé Ndoki s'étend sur les départements de la Sangha (nord-est) et de la Likouaka (province de l'extrême-nord, au sud du lac Tchad), et tire son nom de deux rivières qui l'entourent.La faune y est encore très élevée et les clairières de Mbeli et Waly baie, dominées par des étendues d'eau basses, sont prisées par les grands mammifères.
Le parc héberge des crocodiles du Nil et des poissons-tigres Goliath, de redoutables prédateurs de rivières, ainsi que 6.000 à 7.000 pachydermes.Mais en périphérie de Nouabalé Ndoki, les éléphants sont la cible du braconnage à l'arme de guerre, qui s'accentue, selon l'ONG Wildlife conservation society (WCS).
"Environ 5.000 éléphants ont été abattus ces dernières années, la plupart depuis cinq ans.Le braconnage est très présent", s'inquiète Thomas Breuer, conseiller technique principal à WCS, qui gère le parc en collaboration avec le ministère de l'Economie forestière et l'entreprise Congolaise industrielle des bois (CIB).
Des militaires accusés d'être impliqués dans le braconnage
Le Projet de gestion des écosystèmes forestiers à la périphérie du parc (Progepp), créé peu avant son ouverture officielle, lutte contre braconnage, "parfois commandité par des autorités militaires et policières attirées par le gain facile", explique à l'AFP Jean-Claude Dengui Balokath, coordonateur du Progepp.
"Les braconniers viennent à la fois du Congo et des pays frontaliers.La menace est permanente", renchérit Damase Ngoubou, chef de patrouille et de surveillance du projet.
Le braconnage cible surtout les éléphants mais les quelque 400 gorilles de plaine identifiés dans le parc sont eux aussi menacés -tout comme les citatungas, une espèce d'antilope particulièrement chassée pour sa chair.
"Pour la gestion du parc dans tous ses volets (répression du braconnage, activités écotouristiques, recherche, éducation), nous avons un budget de 400 à 500 millions de FCFA (près de 610.000 à 760.000 euros) par an", explique Thomas Breuer.
Avec l'entrée du parc au patrimoine mondial, "toute la communauté internationale aura les yeux rivés sur la gestion et la conservation de ce parc, qui va donner une autre vision écotouristique", espère Antoinette Nkabi, conseillère à la faune et aux aires protégées au ministère de l'Economie forestière.
Nouabalé Ndoki "est une expérience unique au monde.Le Congo regorge du patrimoine naturel le plus significatif (de la sous-région), mais il est méconnu au niveau national.Avec cette inscription, Nouabalé Ndoki jouit d'une autre réputation", ajoute Abdourahamane Diallo, représentant de l'Unesco au Congo.
"Chaque fois qu'il y a un visiteur, nous mettons un éco-guide autochtone à sa disposition pour l'accompagner.Les autochtones connaissent mieux les secrets de la forêt que quiconque", raconte Ghislain Abegouo, responsable des relations publiques du parc.
Mais l'écotourisme est peu développé en raison des difficultés d'accès: la Sangha, qui abrite la plus grande partie du parc, ne dispose pas de route bitumée.En moyenne seulement 300 touristes, essentiellement occidentaux, visitent Nouabalé Ndoki chaque année.
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