Des centaines d'opposants au gouvernement dominé par les islamistes ont défilé mardi à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, à l'occasion d'une grève générale dans cette ville du centre de la Tunisie, où la contestation semble gagner du terrain.
La grève annoncée dimanche était très suivie.Selon un journaliste de l'AFP, toutes les administrations et magasins de la ville étaient fermés.
Seuls les bouchers étaient ouverts pour permettre aux habitants de s'approvisonner pour la nuit du destin qui célèbre durant le jeûne du ramadan la révélation du coran au prophète Mahomet.
Une manifestation unitaire --regroupant l'opposition, les syndicats et représentants du patronat et de la société civile-- a rassemblé plusieurs centaines de personnes qui ont défilé vers le palais de justice, situé à l'extérieur de Sidi Bouzid.
Ils étaient toujours présents en nombre vers 11H00 GMT (12H00 locale) devant ce tribunal, qui était protégé par un important dispositif policier.
Les manifestants réclament la libération de personnes arrêtées la semaine dernière lors de manifestations dispersées sans ménagement par la police à l'aide de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.
Ils ont scandé des slogans contre le parti islamiste Ennahda, qui dirige la coalition au pouvoir."Le peuple veut la chute du régime", "Justice, malheur à toi, Ennahda a le pouvoir sur toi", ont-ils crié notamment.
Une équipe de la chaîne télévisée Al-Jazeera a vu une vitre de sa voiture brisée par les manifestants et a dû quitter les lieux du rassemblement, selon un journaliste de l'AFP.Cette chaîne du Qatar est accusée par les détracteurs du gouvernement tunisien de soutenir Ennahda.
Aucun autre incident notable n'avait été recensé à la mi-journée.
Les islamistes ont pour leur part organisé au centre-ville leur propre rassemblement qui a réuni quelque 150 manifestants.
Le gouvernement est confronté à une vague de contestation croissante ces dernières semaines sur plusieurs fronts, l'opposition et la société civile dénonçant une dérive autoritaire et une tentative d'organiser une islamisation rampante de la société tunisienne.
Par ailleurs, les tensions sociales sont grandissantes et plusieurs manifestations contre la pauvreté, des coupures d'eau et le chômage ont été réprimées ces dernières semaines, en particulier à Sidi Bouzid.
Tunis a ainsi vu lundi soir la plus grande mobilisation des détracteurs du régime depuis des mois, des milliers de personnes ayant manifesté pour la protection des droits de la femme menacés, selon l'opposition, par les islamistes.
Sidi Bouzid est située dans une région particulièrement pauvre et marginalisée sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.Or, selon des analystes, la situation économique et sociale ne s'y est guère améliorée depuis la révolution de 2011.
La ville a une importance hautement symbolique, en tant que berceau de la révolution dont le point de départ avait été la mort le 17 décembre 2010 de Mohamed Bouazizi.Ce vendeur ambulant de 26 ans s'était immolé par le feu pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police.
La misère, le chômage, en particulier des jeunes, et la corruption étaient au coeur des raisons du soulèvement contre le régime déchu de Ben Ali.
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