La première comparution au tribunal des 259 mineurs sud-africains arrêtés après les violences à la mine de platine de Marikana (nord) a suscité lundi le soutien d'une foule de femmes, venues clamer l'innocence des prévenus, considérés comme des héros.
Sindiswa Zazini, 51 ans, disait sa fierté, convaincue que son compagnon Maneli Mlothana, 46 ans, est un héros."Il sera fort.C'est un homme car il se bat pour ses droits".
Rassemblées aux abords du tribunal de Ga-Rankuwa, une ancienne township à deux bonnes heures de route de la mine et à 40 km de Pretoria, elles ont copieusement hué la police convoyant les prévenus, acheminés à bord de camions escortés par des blindés et dont certains sont poursuivis pour meurtre.
Leur arrivée a déclenché des scènes frisant l'hystérie, épouses ou soeurs se mettant à pleurer, gémir et à prier, tentant d'apercevoir ou de saluer un proche, avant d'être évacuées vers une rue adjacente où elles ont continué à manifester, entonnant des chants de protestation de l'époque de la lutte contre l'apartheid.
"Libérez les travailleurs qui n'ont rien fait", "Laissez les dehors, ils sont innocents", "Leur place n'est pas en prison", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par la foule campée sur une route poussiéreuse, sous haute surveillance policière.
"On est là pour soutenir les nôtres.On veut qu'ils sortent car ils sont innocents", expliquait Pauline Masulhlo, 42 ans, résidente à Marikana et dont le fils gréviste a échappé à l'arrestation."Moi je demande, pourquoi ils ont arrêtés les nôtres là-bas ? Car ils ne se sont pas battus", raisonne-t-elle.
"Il doit sortir car il n'est pas coupable", expliquait un jeune en dreadlocks, 32 ans, venu de plusieurs centaines de kilomètres s'enquérir de son père dont il a fini par trouver le nom sur les listes de prisonniers.
Selon lui, leur arrestation est une injustice car l'entreprise aurait les moyens de leur verser les 1.250 euros de salaires qu'ils demandent: "C'est possible car chacun et chaque jour, nous produisons là beaucoup de platine".
Tous, à l'exception d'un gréviste hospitalisé, n'ont comparu que brièvement, le temps pour le juge Esau Bodigelo de leur énoncer devant une salle comble les faits reprochés, allant de la violence publique au meurtre.
Le dossier a été renvoyé, comme c'est l'usage au vu de la gravité des chefs d'accusation, et les prévenus ont été placés en détention provisoire.
L'audience a été ralentie par les besoins de la traduction de l'anglais vers les différentes langues des prévenus, tswana, sotho, xhosa, et même le shona, une langue du Zimbabwe et le shangaan, parlé au Mozambique, témoignant de la présence de travailleurs immigrés sur le site de Marikana.
Quarante-quatre personnes sont mortes à Marikana, d'où le groupe Lonmin, coté à Londres, extrait du platine.
Dix hommes, dont deux policiers, ont été tués entre le 10 et le 12 août dans des affrontements intersyndicaux, avant que la police n'ouvre le feu jeudi contre les grévistes faisant 34 morts et 78 blessés, dans la plus sanglante intervention policière depuis la fin de l'apartheid.
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