Plus de 200 députés investis mais la Somalie attend un nouveau président

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MOGADISCIO (AFP) - (AFP)

Deux cent onze députés, sur les 275 que comptera à terme la toute nouvelle Chambre somalienne, ont été investis lundi sur l'aéroport ultra-sécurisé de Mogadiscio, une des dernières étapes du processus visant à doter la Somalie d'un réel gouvernement central dont elle est privée depuis plus de 20 ans.

L'élection du chef de l'Etat par les députés aurait dû parachever ce processus complexe parrainé par l'ONU lundi, date à laquelle a expiré le mandat des fragiles Institutions fédérales de Transition, mises sur pied en 2004.

Hussein Arab Isse, ministre de la Défense du Gouvernement fédéral de transition (TFG) sortant et député nouvellement investi, a estimé que l'élection du chef de l'Etat aurait lieu "dans les prochains jours ou semaines", après celle du président de la Chambre "dès que possible".

"Nous avons un Parlement souverain avec une majorité lui permettant de fonctionner, donc nous sommes prêts à travailler", s'est félicité sur la chaîne Al-Jazeera Peter de Clercq, chef adjoint de l'ONU en Somalie.

Selon Radio-Mogadiscio, 211 députés seulement - désignés par un collège de chefs coutumiers et dont les noms ont été validés par un comité ad hoc - ont été investis lundi.Leur nombre est néanmoins suffisant pour atteindre le quorum nécessaire au fonctionnement de la Chambre.

"C'est la première fois en 20 ans que les députés sont chez eux pour une telle cérémonie" d'investiture, s'est réjoui Siyad Shire Mohamoud, nouveau député.Les deux précédents Parlements dits "de transition" avaient été investis en 2000 à Arta (Djibouti), puis en 2004 à Nairobi (Kenya), en raison du chaos sécuritaire en Somalie. 

Processus bâclé

La cérémonie d'investiture était initialement prévue à l'école de police de la capitale - et non au Parlement, partiellement détruit par des années de guerre civile - mais le président de la nouvelle Chambre, son doyen d'âge Musa Hassan Abdallah, a demandé en urgence lundi à l'ONU de trouver un "refuge" aux députés.

Elle s'est donc déroulée dans l'enceinte de l'aéroport international de Mogadiscio, camp retranché placé sous la protection de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), dont la base lui est adossée.

Le symbole fait tache alors que l'investiture de cette nouvelle Chambre était présentée dimanche par la communauté internationale comme "une opportunité sans précédent pour plus de paix et de stabilité" en Somalie, livrée aux chefs de guerre, milices islamistes et gangs criminels depuis la chute du président Siad Barre en 1991.

Les précédentes institutions mises en place depuis 2000 ont toutes échoué à asseoir leur autorité.

La situation sécuritaire s'est nettement améliorée à Mogadiscio depuis que les insurgés islamistes shebab en ont été chassés en août 2011, mais la capitale reste le théâtre régulier d'assassinats politiques et d'attentats.

Le processus de désignation et de validation des députés se poursuit et la Chambre devrait être au complet d'ici à la fin de la semaine, selon une source diplomatique.

Environ 70 noms proposés par les chefs coutumiers ont été écartés par le Comité technique de sélection, car ne remplissant pas les critères requis (citoyenneté, âge, niveau d'études, passé politique et en matière de droits de l'Homme...), suscitant, selon plusieurs sources, des tensions susceptibles de mettre en danger le processus.

Après avoir soutenu à bout de bras les actuelles Institutions fédérales de Transition, minées par la corruption, la communauté internationale avait exclu toute nouvelle prolongation de leur mandat - déjà étendu deux fois en 2009 puis en 2011 -, et tout fait pour que le processus s'achève à la date prévue du 20 août.

Nombre d'observateurs estiment que la priorité donnée au calendrier au détriment du fond risque néanmoins de valider un processus pipé et bâclé, qui semble devoir déboucher sur le maintien au pouvoir des responsables actuels.

Le président sortant Cheikh Sharif Cheikh Ahmed, élu en 2009 après avoir rallié les institutions de transition qu'il combattait auparavant à la tête d'une rébellion islamique, et personnalité contestée au sein même de ses alliés internationaux, est l'un des favoris du scrutin présidentiel.

Ses plus sérieux adversaires semblent son Premier ministre, Abdiweli Mohamed Ali, et le président du Parlement sortant, Sharif Hassan Sheikh Adan.

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