Certains se sont levés avant l'aube, quittant leur bidonville pour descendre la colline qui plonge vers le port et l'ultra-moderne front de mer de Luanda.Ils ont rejoint leur bureau de vote, pour participer aux troisièmes élections générales en Angola depuis l'indépendance, en 1975.
Là-haut, ils vivent dans des baraquements sans électricité ni eau courante, sur une pente ravinée par les pluies d'été, où glissent sans fin des déchets et des débris, qui finissent par s'accumuler le long de la route défoncée qui longe le port, l'un des plus actifs d'Afrique.
Lorsqu'ils arrivent au collège technique du quartier pauvre de Boa Vista, où est installé le bureau de vote, les électeurs sont accueillis par les volontaires de la Commission électorale, iPads et mini-imprimantes en main.On scanne leur carte d'électeur, puis on les dirige vers l'une des quatorze urnes de ce bureau.
Antonia Viana Gama, 58 ans, a participé aux deux seules élections jamais organisées dans le pays depuis l'indépendance: en 1992, pendant une accalmie de la guerre civile.Puis en 2008, pour le premier scrutin organisé six ans après la fin du conflit.
"Je suis venue voter parce qu'il est important que notre pays vive en paix", dit-elle.La paix, pour elle, n'est qu'une vague souvenir de sa jeunesse.Elle avait sept ans lorsqu'a commencé la guerre de libération contre le colonisateur portugais.L'indépendance chèrement acquise, les combats ont repris entre factions rivales.
Mais l'Angola est un pays très jeune.L'âge moyen de la population y est de 18 ans, et pour beaucoup d'électeurs, la guerre est déjà une page des livres d'histoire.
A 23 ans, Emmanuel Mulenga est au chômage, et sa seule préoccupation est de construire sa vie dans cette métropole tentaculaire où la pauvreté côtoie la richesse la plus insolente."Je suis venu ici pour voter parce que je veux voir du changement dans notre pays", dit-il.
Devant lui, la route semble une piste de brousse, parfois ensablée, parfois jonchée d'ornières immenses où stagne une boue noire.A quelques minutes de voiture, on débouche sur l'impeccable avenue à dix voies du nouveau front de mer, le "Marginal", une opulente vitrine maritime qui a coûté au pays 378 millions de dollars.
De l'autre côté de la baie, des grattes-ciels flambant neuf se dressent orgueilleusement au dessus du chaos de la cité.On y loue des appartements modestes pour 10.000 dollars par mois (8000 euros).
Le contraste entre la pauvreté de Boa Vista et le luxe du Marginal a provoqué des manifestations de rue durant les derniers mois avant les élections.De jeunes militants ont réclamé au président Dos Santos une meilleure répartition de la manne pétrolière, afin d'améliorer la condition des plus pauvres.
La police a violemment réprimé les manifestations, mais ces troubles ont eu le mérite d'attirer l'attention des principaux candidats à l'élection sur les brûlantes questions sociales: chômage et logement en premier lieu.
"Je viens voter pour voir les choses changer en Angola.En 2008, j'ai donné ma voix à un parti mais rien n'a bougé.Alors cette année, je vais voter pour un autre candidat", confie David Mongo, 37 ans, venu voter en sortant de son service de nuit.
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