Exécutions en Gambie: Banjul reste ferme, Dakar va demander des sanctions

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DAKAR (AFP) - (AFP)

Vivement critiquée pour l'exécution de condamnés à mort dont deux Sénégalais, la Gambie a répété jeudi avoir agi en conformité avec ses lois, alors que le Sénégal, pays voisin, a annoncé qu'il allait saisir des institutions pour exiger des sanctions contre elle.

La présidence gambienne s'est exprimée dans un communiqué diffusé jeudi soir par la télévision d'Etat, le premier depuis que, le 27 août, le ministère de l'Intérieur a annoncé que neuf détenus, dont une femme, ont été fusillés la veille, suscitant un tollé dans le monde.

Selon ce communiqué, plusieurs ministres gambiens ont reçu mercredi des représentants de l'Union européenne (UE), des Etats-Unis et du Royaume-Uni, qui ont réclamé au nom de leurs pays "plus d'éclaircissements" sur les éxecutions et l'arrêt de la procédure concernant le reste des prisonniers dans le couloir de la mort (38, selon plusieurs ONG dont Amnesty International).

Réponse du ministre des Affaires présidentielles, Njogu Bah, d'après la présidence: "dans le cas de la Gambie, les peines appliquées (le sont) en conformité avec les lois en vigueur dans le pays", les Occidentaux "doivent se rendre compte que chaque Etat souverain a ses propres lois" et "il n'existe pas de système judiciaire parfait dans le monde, y compris dans leurs propres pays".

Implicitement mais fermement, un rejet des critiques et appels qui se sont multipliés depuis l'annonce par le président gambien Yahya Jammeh de l'exécution de tous les prisonniers dans le couloir de la mort dans son pays avant mi-septembre.M. Jammeh, qui s'exprimait dans un message à la Nation diffusé les 19 et 20 août, n'avait pas fourni de détails.

Et le 27 août, le ministère gambien de l'Intérieur avait assuré que neuf de ces détenus ayant épuisé leurs recours ont été fusillés, et que toutes les peines prononcées par la justice en Gambie seront appliquées "à la lettre, y compris les peines de mort".

Au Sénégal, les déclarations gambiennes ont suscité colère et indignation: Dakar a indiqué que deux Sénégalais ont été exécutés à son insu et qu'un troisième est menacé d'être tué.

  Exécutions "dans le plus grand secret"


Jeudi soir, le président sénégalais Macky Sall a demandé à son Premier ministre "de saisir toutes les institutions africaines et internationales habilitées pour suspendre la décision" d'exécution à l'encontre du troisième sénégalais, "dénoncer ce qui s'est passé et exiger des sanctions contre la Gambie", a indiqué le gouvernement sénégalais, sans plus de détails.

Aupavant, mercredi, l'ambassadeur de Gambie à Dakar, Mass Axi Gey, avait été convoqué pour recevoir une protestation formelle.La veille, mardi, le président Sall avait dénoncé un "mépris" de Banjul et une attitude "inacceptable".

Selon la présidence gambienne, M. Sall avait dépêché à Banjul son ministre de l'Economie avec un message de teneur non indiquée, qu'il a remis à la vice-présidente gambienne.

De leur côté, des ONG et organisations internationales, dont certaines accusent régulièrement le régime de M. Jammeh de violations des droits de l'Homme et des libertés, ont maintenu la pression sur le dossier.

A Dakar, elles ont tenu un rassemblement sans incident jeudi matin devant le siège de l'ambassade de Gambie à Dakar, en appelant à réagir pour arrêter de nouvelles exécutions.Un appel similaire a été lancé en Sierra Leone par quatre ONG locales.

La responsable de l'ONU en charge des droits de l'Homme, Mme Navi Pillay, s'est déclarée jeudi "profondément troublée" par les exécutions, estimant qu'elles marquent "un recul regrettable pour la protection des droits de l'Homme" en Gambie où, officiellement, la peine capitale n'avait pas été exécutée depuis 27 ans.

Mme Pillay a fait état de "préoccupations majeures" concernant l'équité des procès de certains des condamnés à mort.De pareils doutes avaient été exprimés mardi par le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, selon un communiqué obtenu jeudi par l'AFP.

"D'après les preuves présentées, les procès des personnes condamnées n'auraient pas respecté les procédures régulières" et "les exécutions ont été conduites dans le plus grand secret, loin du public et des familles des condamnés", a dit M. Heyns.

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