Les attentats meurtriers de Kampala ont propulsé cette semaine la bataille de Mogadiscio au rang de priorité absolue pour l'Afrique de l'Est, l'Ouganda réclamant plus de soutien de ses voisins pour combattre les shebab somaliens qui ont promis de nouvelles attaques.
Le double attentat de Kampala, qui a fait au moins 73 morts dans deux bars-restaurants qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football dimanche soir, est le plus meurtrier en Afrique de l'Est depuis les attaques, en 1998, des ambassades des Etats-Unis à Nairobi et Dar es-Salaam.
Les explosions de Kampala marquent surtout la première action d'envergure des islamistes radicaux somaliens shebab en dehors de leurs frontières, dans la droite ligne de leur adhésion revendiquée à l'idéologie du jihad mondial et de leur voeu d'allégeance à Al-Qaïda.
En frappant Kampala, les shebab ont mis à exécution leurs récentes menaces de représailles à la participation de l'armée ougandaise à la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
Leur chef, Mohamed Abdi Godane, a menacé jeudi de lancer de nouvelles attaques: "ce qui s'est passé à Kampala est juste un début", a-t-il déclaré dans un message audio.
L'Amisom, composée de plus de 6.000 soldats ougandais et burundais, constitue le dernier obstacle au renversement par les shebab du gouvernement du président Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré élu en janvier 2009 et soutenu par la communauté internationale.
Son gouvernement ne contrôle que quelque quartiers stratégiques de la capitale et ne doit sa survie qu'à l'appui militaire de l'Amisom qui protège notamment la présidence, le port et l'aéroport de Mogadiscio.
Les shebab, qui ont fait main-basse sur la quasi-totalité du centre et du sud du pays, accusent régulièrement l'Amisom de la mort de plusieurs milliers de civils à la faveur de tirs d'artillerie "aveugles", le plus souvent en riposte aux attaques des insurgés.
Si l'objectif des shebab était de pousser l'Ouganda à retirer ses soldats de l'Amisom, les autorités ougandaises, chef de l'Etat en tête, ont adopté ces derniers jours une attitude martiale, promettant au contraire de renforcer leur contingent.
Début juillet, les six pays est-africains membres de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) avaient annoncé leur intention de renforcer l'Amisom de 2.000 hommes.
L'Ouganda s'est dit prêt à fournir l'intégralité de ces troupes, tout en appelant ses voisins à plus de soutien.
"Nous sommes capables de fournir la force demandée, si les autres pays ne le peuvent pas", a déclaré jeudi à l'AFP le porte-parole de l'armée ougandaise le lieutenant colonel Felix Kulayigye, tout en estimant "qu'il serait approprié que d'autres pays contribuent" au renforcement de l'Amisom.
Mais l'Ethiopie, dont le Premier ministre Meles Zenawi a appelé jeudi à l'"anéantissement total" des shebab, a déjà indiqué qu'elle ne comptait pas redéployer ses militaires sur le sol somalien tandis que le Kenya, séparé des shebab par une frontière réputée poreuse, n'a jamais évoqué de contribution à l'Amisom.
La situation en Somalie et la menace régionale désormais incarnée par les shebab devraient être au coeur des débats du sommet des chefs d'Etat des 53 pays membres de l'UA, prévu de longue date du 25 au 27 juillet à Kampala.
Le sommet devrait être l'occasion pour le président Museveni de réclamer une nouvelle fois un mandat plus offensif pour l'Amisom.
"Nous étions à Mogadiscio pour seulement garder le port, l'aéroport et la présidence.Maintenant ils (les shebab) nous ont motivés pour aller les chercher", a-t-il commenté.
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