Personne ne peut y échapper, le thème fait la Une des médias depuis que « Le Figaro Magazine » a fait paraitre ce week-end les bonnes pages du dernier livre de Jean-François Copé « Manifeste pour une droite décomplexée » (éd. Fayard).Parmi les sujets à polémique évoqués à dessein dans l'ouvrage, la résurgence du « racisme Anti-Blanc » remporte donc la palme. C'est que celui-ci, à défaut d'avoir une réalité facilement bornable, a une Histoire. Et cette Histoire appartient à la droite de la droite, qui en a fait un sujet de clivage à l'instar de la préférence nationale ou du rejet de l'immigration. En 1985, Jean-Marie Le Pen dénonçait le racisme anti-français lors d'une interview télévisée. Il déclarait : «Je condamne tous les racismes, y compris le racisme anti-français. C'est celui-là qui, dans ce pays, sévit le plus gravement.» Au-delà de l'affirmation sans fondement que celui-ci serait le plus répandu, c'est surtout l'évocation de cette forme de racisme qui est intéressante. Pour les politologues, il s'agissait à l'époque de retourner l'argument de racisme contre ceux qui accusaient le Front National de parti raciste. Une forme rhétorique de l'arroseur arrosé à l'époque où SOS racisme connaissait son heure de gloire. Avant lui, un an plus tôt, une association d'extrême droite évoluant dans le giron du FN, l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne, inscrivait dans ses statuts l'objectif de «lutte contre le racisme anti-français et antichrétien».Mais c'est en 2005, à la suite d'une manifestation où plusieurs « jeunes lycéens blancs » ont été agressés, que le la formule « racisme anti-Blanc » va réellement faire son apparition. Et ce coup-ci, ce n'est pas le Front National qui l'utilise mais des intellectuels comme Alain Finkielkraut et Jacques Julliard qui lancent un appel contre les « ratonnades anti-Blanc ».Voilà donc l'héritage que se partagent Marine Le Pen et Jean-François Copé, qui souhaitent l'un et l'autre en faire un sujet clivant et espèrent, conséquence facilement assumable, récupérer ainsi des électeurs. Un concept bancalDisons le tout de go ! Le racisme anti-blanc existe. L'insulte raciste n'épargne personne. On pourrait même s'amuser un peu en disant que le racisme n'est pas raciste. Mais il est important de faire une nuance qui change tout. Il y a une différence entre l'insulte raciste proférée dans la rue, et le racisme institutionnel. Quand on parle de racisme, quand on lutte contre le racisme, on s'attaque d'abord à des problèmes sociaux de grande envergure comme la discrimination à l'embauche, le contrôle au faciès, le plafond de verre qui empêche certains de monter dans la hiérarchie de leur entreprise. Dans l'énorme majorité des cas cela ne concerne pas les blancs en France. Parler, comme le font les politiques, de racisme anti-blanc, c'est mettre dos à dos un problème de société (l'insulte ou l'agression) et un problème institutionnel (la discrimination). Or pour tout ce qui touche à l'insulte ou à l'agression motivé par l'appartenance ethnique, les lois antiracistes s'appliquent pleinement. Dénoncer un racisme particulier envers les blancs ou les asiatiques ou les latins, n'y change rien. Ce n'est pas un sujet politique ! Quand Copé fait du Sarkozy, en pire ! Alors quand Jean-Francois Copé évoque ce problème il avance avec de gros sabots. Il ne s'agit nullement de lutter contre un phénomène, mais bien de récupérer une place laissée vacante par le départ de l'ancien chef de l'Etat. Revenant rapidement sur sa campagne devant quelques journalistes, Nicolas Sarkozy fut bref mais explicite : "Si je n'avais pas fait une campagne à droite, c'est Le Pen qui aurait été à 28 % et moi à 18 %." No comment.Voilà donc le président de l'UMP, auto-désigné héritier du président sortant, qui vient se caler dans le nid douillet de son prédécesseur. A la grande insatisfaction de Marine Le Pen dont on comprend mieux la réaction épidermique dans les médias cette semaine. Elle qui aurait du se réjouir de voir l'un de ses thèmes de prédilection faire la Une de la presse se retrouve doublée par la droite dans une course aux électeurs qui n'épargne aucun sujet « taboo » ou pas. Matthieu Jean
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