Les insurgés shebab ont abandonné leur dernier bastion en Somalie, le port de Kismayo pris d'assaut par les troupes kényanes, dernier d'une série de revers militaires islamistes qui ouvrent une nouvelle page pour ce pays ravagé par 21 ans de guerre civile.
"Le commandement militaire des moudjahidine shebab a ordonné un retrait tactique à minuit" de Kismayo, a déclaré samedi à l'AFP au téléphone le porte-parole des shebab Ali Mohamoud Rage.
Ce retrait, moins de 24 heures après le lancement d'un assaut des troupes kényanes intégrées à la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), a été confirmé par plusieurs habitants du grand port du sud somalien, contactés par téléphone par l'AFP depuis Mogadiscio.
"Nous ne savons pas où ils ont partis (...) mais, tôt ce matin, le dernier véhicule militaire (des shebab) a quitté la ville", a déclaré un habitant Hassan Ali, qui a ajouté que "même leur radio (locale) n'émet plus".Des bâtiments fraîchement abandonnés par les shebab étaient pillés samedi par des habitants, a rapporté un témoin.
L'armée kényane a affirmé avoir abattu deux chefs shebab et progresser rapidement dans la ville.
"Notre aviation a ciblé les noyaux suspects de shebab.Deux chefs régionaux importants du groupe, Hassan Yakub et Abdikarim Adow ont été abattus par les forces aériennes kényanes", a affirmé le porte-parole des forces de défense kényanes, Cyrus Oguna, et les forces au sol "consolident" leur avancée de façon à "investir le reste de la ville", a-t-il ajouté.
Toute la partie nord de Kismayo est totalement contrôlée par les forces alliées, mais comme vendredi soir "quelques parties du sud de la ville sont encore sous le contrôle des shebab".
L'abandon de Kismayo consacre une série de revers militaires accumulés depuis un an par le mouvement islamiste lié à al-Qaïda, qui a tenté de les compenser en multipliant les attentats dans la capitale somalienne Mogadiscio ou sur le sol du Kenya voisin.
Les shebab, qui combattent depuis 2007 les fragiles autorités somaliennes soutenues par la communauté internationale, perdent avec Kismayo leur poumon économique de ces dernières années -- via notamment l'exportation de charbon de bois -- et leur principal moyen de se faire livrer des armes depuis l'océan indien.
"D'une cité paisible gouvernée par la loi islamique, Kismayo va devenir un champ de bataille entre les musulmans et les envahisseurs infidèles", a menacé samedi le mouvement islamiste sur son compte twitter.
"Nous sommes encore aux portes de kismayo et nous combattrons (...) l'ennemi ne dormira pas en paix", a aussi averti le porte-parole des shebab.
De nouvelles perspectives pour le président
Si des opérations de guérilla et des actions terroristes sont en effet à prévoir, l'affaiblissement islamiste ouvre des perspectives au nouveau pouvoir en place depuis quelques semaines en Somalie, et au président Hassan Cheikh Mohamoud, élu le 10 septembre par un Parlement lui-même désigné par un comité d'anciens le mois dernier, relèvent les analystes.
Les shebab ont d'abord combattu vendredi le contingent de soldats kényans qui avait débarqué dans la nuit de jeudi à vendredi sur au moins deux plages proches de Kismayo, soutenus par des hélicoptères.
Pilonnés par l'artillerie kényane, les islamistes ont ensuite quitté les lieux à la faveur de la nuit suivante, sans qu'on sache encore où ils ont pris leurs nouvelles positions.
Entrés en Somalie en octobre dernier, les soldats kényans ont conquis au fil des mois plusieurs positions dans le sud de la Somalie, avec l'objectif final affiché de prendre Kismayo.
Plus de 12.000 civils, selon l'ONU, avaient quitté ces dernières semaines par crainte des combats ce qui est la deuxième plus grande ville du sud somalien après Mogadiscio, avec une population estimée entre 160.000 et 190.000 habitants.
Kismayo était le dernier bastion d'importance encore détenus par les shebab, qui ont d'abord été contraints d'abandonner leurs positions dans la capitale Mogadiscio en août 2011.
Les islamistes ont ensuite perdu l'une après l'autres les villes sous leur contrôle dans le centre et le sud du pays, face à l'avancée conjointe de la fragile armée somalienne, soutenue par l'Amisom (17.000 soldats au total aujourd'hui) et d'un contingent de soldats éthiopiens.
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