Le président Jacob Zuma part avec un avantage dans la bataille pour conserver le pouvoir qui l'opposera en décembre à ses adversaires au sein de l'ANC, le parti qui gouverne l'Afrique du Sud depuis 1994.
En principe, celui qui deviendra président de l'ANC en décembre prendra (ou conservera) le poste de chef de l'Etat à l'issue des élections en 2014, sauf arrangement inédit sur lequel la presse commence à spéculer.
Pour l'instant seul sur la ligne de départ dans la course à la présidence du parti, qui sera remise en jeu au congrès de Mangaung du 16 au 20 décembre, M. Zuma pourra compter sur un bataillon providentiel de délégués du Kwazulu-Natal, sa province natale et bastion politique.
Le nombre de délégués zoulous a enregistré une hausse spectaculaire de 36%, liée à une hausse des adhésions et à une clé de répartition régionale arrêtée dans le secret des instances du parti.
M. Zuma devrait ainsi pouvoir compter sur la loyauté sans faille de 974 délégués, sur 4.500 réunis pour élire une nouvelle direction pour cinq ans.
Autre bonne surprise pour M. Zuma, si la fédération zouloue arrivera en force, la grande fédération du Cap oriental (sud), région natale de Nelson Mandela et fief xhosa, semble, elle, affaiblie.
L'ANC y aurait perdu des adhérents, et certaines sections n'ont pas rempli les critères pour avoir un représentant au congrès.Deuxième en nombre de délégués au congrès, elle n'en comptera que 676.
"A ce stade, il (M.Zuma) devrait remporter le vote avec une petite majorité", estime Mari Harriss, directrice de l'institut de sondage Ipsos Markinor."Mais tout peut changer", ajoute-t-elle prudemment.
Les observateurs n'ont pas oublié la leçon de 2007 quand le prédécesseur de M. Zuma, le président Thabo Mbeki, avait été brutalement acculé à la démission, un spectaculaire régicide politique qui avait pris tout le monde de court.
Rien ne dit que M. Zuma ne puisse pas subir le même sort alors que l'appareil du parti est travaillé par de puissantes lignes de fractures et imprévisibles jeux d'alliances, mêlant des considérations de doctrine politique, de personnes, et d'affinités régionales et linguistiques.
L'ANC est quasiment en situation de parti unique dans un pays où malgré un grand désenchantement populaire, la majorité de l'électorat hésite à sanctionner le parti qui a renversé le régime raciste de l'apartheid.
"Changer ou mourir"
Certains prédisent pourtant un sombre avenir à l'ANC, et le somment de "changer ou de mourir", selon la formule utilisée par un de ses ténors, Tokyo Sexwale, ministre du Logement.
Si l'on en croit le quotidien The Star de jeudi, le président Zuma aurait proposé un ticket inédit à son actuel vice-président Kgalema Motlanthe.
Selon ce scénario, Zuma conserverait la tête du parti, et laisserait à Motlanthe en échange la présidence du pays en 2014.
Cet ancien syndicaliste jouit d'une meilleure cote de popularité, avec 51% d'approbation contre 48% à M. Zuma, selon une récente enquête TNS.
Les médias spéculent depuis plusieurs mois sur sa possible entrée en campagne face à M. Zuma et ont commencé à compter les points dans le match entre les deux hommes.
En l'état, M. Motlanthe pourra s'il est candidat compter sur le soutien de la turbulente Ligue de jeunesse du parti.
Mais si elle a fait beaucoup parler d'elle ces derniers temps à cause des incartades répétées de son ex-président Julius Malema, exclu en avril pour indiscipline, la Ligue est un poids plume au sein de l'appareil.Elle aura 45 délégués au congrès qui seront bien en peine de faire pencher la balance.
Seule certitude, la prochaine direction de l'ANC aura beaucoup à faire pour faire oublier des mois d'immobilisme.Tétanisé par l'approche du congrès, le parti laisse pour l'instant sans réponse la crise sociale qui ébranle le pays.
La tragédie de Marikana, avec ses 34 mineurs tués par la police, ne cache pas l'impatience et la frustration de millions de Sud-Africains mécontents de leur quotidien économique, qui n'a que peu ou pas changé depuis l'avènement de la démocratie et la prise de pouvoir par l'ANC il y a 18 ans.
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