Un mort en Afrique du Sud dans des manifestations d'ouvriers agricoles

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WOLSELEY (Afrique du Sud) (AFP) - (AFP)

De nouvelles violences ont éclaté mercredi en Afrique du Sud, faisant un mort durant des manifestations d'ouvriers agricoles en grève contre les salaires de misère payés par les riches exploitations fruitières et viticoles de l'arrière-pays du Cap (sud-ouest).

Depuis une dizaine de jours, plusieurs milliers de travailleurs agricoles réclament un doublement de leur rémunération à 150 rands (13,50 euros) par jour.

La plupart, métis ou noirs, gagnent entre 69 et 75 rands par jour, des salaires parmi les plus bas du pays associés à des conditions de travail et de logement souvent abusives, qui ont été dénoncées en 2011 par Human Rights Watch.

Les dirigeants des entreprises agricoles de la région sont généralement blancs, et pour l'heure, ils refusent d'aller au-delà d'un simple coup de pouce, qui porteraient les salaires à 80 rands par jour (7,20 euros).

Depuis le début du conflit, qui n'est pas sans rappeler celui qui a fait une soixantaine de morts dans les mines du pays depuis août, de nombreux heurts ont opposé la police à des ouvriers agricoles, principalement à De Doorns, localité exportant du raisin de table.Une demi-douzaine de propriétés agricoles ont brûlé.

La violence, contre laquelle l'opposition a demandé le renfort de l'armée, a connu une escalade mercredi, gagnant Ceres, la capitale sud-africaine du fruit et le village voisin de Wolseley, où un homme de 28 ans est mort dans les heurts avec la police, et cinq autres ont été blessés.

La police a précisé avoir fait usage de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc.

"La police ne nous a rien demandé, ils nous ont juste tiré dessus, et les gens sont en colère maintenant...il y a un mort et un type qui a pris une balle dans la jambe.La police doit s'expliquer maintenant, car on n'avait pas de problème avec elle.On était seulement en train de se rendre sur les exploitations pour faire grève pour notre argent", a témoigné Bongani Mtomzale, 20 ans, employé à la cueillette du raisin.

Wolseley offrait dans l'après-midi tous les stigmates d'un début d'émeute: multiples barrages de police, pick-ups calcinés, vitrines brisées, des habitations émergeant d'un nuage de fumée tandis qu'une usine de conditionnement se consumait aux abords de la ville.

Si le calme semblait revenu à De Doorns, où la principale route d'accès était toutefois jonchée de pneus calcinés ou en flammes.

"Le problème c'est que les fermiers ne veulent pas payer un salaire qui permette de vivre", expliquait Thobinkosi Nyembe, 51 ans, père de six enfants et employé dans une vigne depuis 1976.

"On en a marre"

"On en a marre.(...) On n'est pas en train de copier Marikana mais les gens ont faim avec ces salaires qu'ils nous donnent."

L'Afrique du Sud traverse une crise sociale, sans précédent depuis la fin de l'apartheid en 1994, dont la mine de Marikana (nord) est devenue le symbole avec la mort de 34 grévistes abattus par la police le 16 août.

Le gouvernement, qui a tardé à réagir au conflit minier, semble adopter une tactique différente à l'égard des travailleurs agricoles.

Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA) accuse de son côté les syndicats alliés du pouvoir d'orchestrer les troubles pour déstabiliser la province du Cap occidental, la seule qu'elle contrôle politiquement.

Mercredi, la ministre de l'Agriculture Tina Joemat-Petterson a fait remonter le dossier au niveau du président Jacob Zuma et du ministère du Travail, tandis que la confédération syndicale Cosatu a appelé à suspendre le mouvement pendant deux semaines.

La ministre a réclamé une renégociation anticipée du salaire minimum agricole, après plusieurs réunions infructueuses avec les employeurs.

"Cela pose problème de payer quelqu'un 70 rands par jour.Ce n'est pas assez", a déclaré sa porte-parole Palesa Mokomela, soulignant les horaires lourds mais aussi "les conditions de vie, de logement, d'accès à l'eau potable, qui ne sont pas décentes".

L'agriculture sud-africaine emploie près de 700.000 personnes dont le salaire minimum est révisé chaque année par le ministère du Travail, mais en principe pas avant le mois de mars.

Le ministère entérine l'avis d'une commission où siègent salariés et employeurs.Donc, "même s'il y a un accord pour changer les conditions dans le secteur, cela ne se fera pas en une nuit", a souligné Musi Zondi, porte-parole de la ministre du Travail.

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