Tunisie: un second islamiste meurt en grève de la faim

Infos. ...

TUNIS (AFP) - (AFP)

Une figure des salafistes jihadistes tunisiens, Mohamed Bakhti, est décédé samedi après deux mois de grève de la faim pour protester contre sa détention, devenant le deuxième islamiste à mourir ainsi cette semaine et laissant craindre des tensions avec cette mouvance radicale.

"Il est décédé dans la nuit vers 02H00 (01H00 GMT samedi) du matin à l'hôpital", a indiqué l'avocat, Abdelbasset Ben Mbarek, rappelant qu'un autre de ses clients, Bechir Gholli, était mort jeudi après avoir refusé de s'alimenter en détention pendant près de 60 jours.

Bakhti était dans le coma et dans un état désespéré depuis plusieurs jours.Son avocat avait indiqué s'attendre au décès de son client, qui souffrait aussi d'une hémorragie cérébrale.

Bakhti et Gholli avaient débuté leur grève de la faim fin septembre, quelques jours après leur arrestation dans le cadre de l'enquête sur l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis par une foule de militants islamistes, dont une centaine ont été arrêtés.

Les deux hommes clamaient leur innocence et dénonçaient leurs conditions de détention, alors que la mouvance salafiste jihadiste tunisienne s'estime victime d'une répression injustifiée.

Le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, issu du parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement, avait laissé entendre vendredi que Bakhti n'était plus sous la responsabilité des services pénitentiaires depuis le 11 novembre, date à laquelle la justice a mis fin sa détention provisoire.

"Son état s'est dégradé après sa remise en liberté", a affirmé le ministre.

Mais pour Me Ben Mbarek, le défunt était déjà dans un état désespéré et il a déclaré à l'AFP vendredi que les autorités avaient pris la décision de libérer Bakhti sachant "qu'il allait mourir".

Le décès de Bakhti est jugé particulièrement sensible car il était une figure de la mouvance jihadiste et un proche d'Abou Iyadh, l'organisateur présumé de l'attaque contre l'ambassade américaine, qui échappe toujours à la police.

Condamné en 2007 à 12 ans de prison après des affrontements sanglants entre l'armée et des islamistes à Soliman, près de Tunis, sous le régime du président Zine El Abidine Ben Ali, Mohamed Bakhti a bénéficié de l'amnistie décrétée après la révolution de 2011.

Il était aussi la figure de proue d'un mouvement de contestation au printemps à l'université de la Manouba (banlieue de Tunis) où des salafistes ont engagé un bras fer avec la direction de la faculté pour l'obliger à autoriser les étudiantes à porter le niqab, le voile islamique intégral.

Un doyen de la faculté, Habib Kazdaghli, doit d'ailleurs être jugé la semaine prochaine pour avoir giflé une jeune étudiante portant le niqab.

La mouvance salafiste tunisienne est responsable, selon les autorités, de plusieurs coups d'éclat, parfois sanglants, depuis la révolution de janvier 2011.

Fin octobre, deux militants ont été tués dans un quartier de la Manouba lors de l'attaque de postes des forces de l'ordre.Le 14 septembre quatre assaillants ont été tués dans un assaut contre l'ambassade des Etats-Unis à Tunis.

Aucun incident n'a cependant été signalé après le décès de Gholli vendredi, le jour de la grande prière hebdomadaire que les islamistes ont par le passé privilégié pour organiser des manifestations.

Abou Iyadh, chef du courant Ansar al-charia (Partisans de la charia), avait appelé le 2 novembre ses partisans au calme, tout en mettant en garde les autorités contre une "explosion de colère".

Libéré lui aussi à la faveur de l'amnistie post-révolutionnaire, Abou Iyadh était l'un des dirigeants du groupe de Tunisiens proche des talibans afghans qui a organisé l'attentat ayant tué le commandant Massoud le 9 septembre 2001.

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Nos applications
Facebook
Twitter
Instagram
Tunisie: un second islamiste meurt en grève de la faim