L'ancien ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, est visé par une plainte pour "complicité d'assassinats" de proches de militaires victimes du bombardement du camp de Bouake en Côte d'Ivoire en 2004, les familles accusant le ministre d'entrave à la justice.
Cette plainte contre l'ex-ministre, en fonction au moment du bombardement le 6 novembre 2004, a été déposée auprès de la Cour de justice de la République (CJR), compétente pour juger les crimes et délits commis par des ministres dans l'exercice de leurs fonctions, selon des sources proches du dossier.
L'avocat des familles de militaires, Me Jean Balan, n'a pas souhaité commenter cette plainte.
Il a accusé à plusieurs reprises Mme Alliot-Marie dans le passé d'avoir, "dès le début de l'affaire", cherché à "saboter l'action de la justice afin d'éviter, à tout prix, que la vérité ne soit connue".
Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes bombardaient un camp de la force "Licorne" à Bouaké (centre de la Côte d'Ivoire), tuant neuf militaires français et un civil américain, et blessant 38 soldats.
Immédiatement après le bombardement de Bouaké, l'armée française avait détruit l'aviation ivoirienne, provoquant une vague de manifestations antifrançaises à Abidjan.
Deux ans plus tard, une polémique avait éclaté quand avait été révélé que huit Biélorusses, parmi lesquels se trouvaient deux pilotes, avaient été arrêtés par les autorités togolaises quelques jours après le bombardement, puis mis à disposition des services français avant d'être libérés.
Pressée de s'expliquer par la justice, Mme Alliot-Marie, entendue comme témoin avait affirmé le 7 mai 2010 qu'il n'y avait alors "pas de base juridique puisque pas de mandat d'arrêt international" pour les interroger.
Une information judiciaire pour assassinat et tentative d'assassinats est ouverte depuis 2005, après une plainte contre X des familles, dans laquelle l'ancien ministre a été entendu.
15 Slaves relâchés sans être entendus
En outre, dès le lendemain du bombardement, quinze personnes dont deux Biélorusses avaient été arrêtées par les forces françaises avant d'être relâchées et remises aux forces russes.Des témoins avaient assuré que certains étaient pilotes ou mécaniciens d'avions.
Le ministre avait également mis en avant "l'impossibilité juridique" pour justifier d'avoir remis aux autorités russes, sans les entendre, ces 15 Slaves arrêtés à l'aéroport d'Abidjan.
"Il pouvait être intéressant de connaître leur statut et leurs activités", a concédé Mme Alliot-Marie mais "aucune base juridique ne le permettait".
De son côté, le général Poncet, qui commandait la force Licorne en Côte d'Ivoire, avait fait part à la justice de son incompréhension devant l'ordre qu'il avait reçu de les libérer sans les auditionner.
Interrogée sur sa connaissance de télégrammes diplomatiques décrivant précisément l'action des forces ivoiriennes les jours précédant l'attaque contre le camp français, le ministre a répondu avoir été informé avec retard.
De son côté, l'avocat des familles a plusieurs fois demandé l'audition d'une dizaine de conseillers de Michèle Alliot-Marie, de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et du négociant d'armes Robert Montoya, soupçonné d'avoir fait livrer à la Côte d'Ivoire les deux avions qui ont servi au bombardement.
Egalement entendu comme témoin, l'ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin a pour sa part affirmé en février 2008 n'avoir "jamais été informé ni saisi de cette affaire dans le cadre de (ses) fonctions ni même en dehors de (ses) fonctions".
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