Mohamed Morsi, qui vient d'étendre considérablement ses pouvoirs, est le premier civil élu à la tête de l'Egypte qu'il gouverne entre promesses d'être "le président de tous les Egyptiens" et critiques l'accusant d'être un "pharaon" islamiste.
Cet ancien cadre de la puissante confrérie des Frères musulmans âgé de 61 ans se veut le champion des idéaux de la révolte qui avait renversé Hosni Moubarak en février 2011, à laquelle son mouvement s'était pourtant initialement rallié timidement.
La barbe courte et la silhouette ronde, il est salué par ses partisans comme un homme pragmatique, aux manières simples, loin de l'attitude distante de son prédécesseur.
Mais ses adversaires voient en lui un apparatchik islamiste madré, poussant méthodiquement ses pions pour étendre la charia (loi islamique) et revenir à un régime autoritaire.
Mohamed ElBaradei, l'une des figures de l'opposition, l'a accusé de vouloir être un "nouveau pharaon", un qualificatif fréquemment employé pour les autocrates qui se sont succédé à la présidence égyptienne, de Nasser à Moubarak.
Ingénieur diplômé d'une université américaine, il avait été surnommé la "roue de secours" car il avait remplacé au pied levé le premier choix de la confrérie, Khaïrat al-Chater, dont la candidature a été invalidée en raison d'une condamnation datant du temps du président Moubarak.
Sur la défensive lors de ses premières apparitions publiques, il n'avait, aux yeux de nombreux experts, pas le profil d'un favori.Mais au fil de la campagne, il a pris de l'assurance et du mordant, bénéficiant en outre de l'immense réseau militant des Frères musulmans.
En août, il a mis au pas l'institution militaire qui avait placé son gouvernement sous tutelle, en envoyant à la retraite le puissant maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées.
"Projet de renaissance"
Depuis des décennies, les Frères musulmans sont très actifs au plan social et caritatif, ainsi que dans les syndicats professionnels.Et la chute du régime Moubarak leur a permis de sortir de la semi-clandestinité politique.
Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu des Frères musulmans et autrefois dirigé par M. Morsi, a raflé près de la moitié des sièges lors des législatives.Le scrutin a toutefois été invalidé mi-juin par la Cour constitutionnelle au motif d'irrégularités dans la loi électorale.
M. Morsi s'est présenté comme le "seul candidat avec un programme islamiste", partisan d'un "projet de renaissance" fondé sur les principes de l'islam.
Il s'est toutefois prononcé pour un Etat "civil" et s'est aussi engagé à respecter tous les engagements internationaux de l'Egypte, parmi lesquels le traité de paix de 1979 avec Israël.
Né dans le gouvernorat de Charqiya, dans le delta du Nil, M. Morsi est diplômé d'ingéniérie de l'Université du Caire en 1975 et il a obtenu en 1982 un doctorat de l'Université de Caroline du Sud, aux Etats-Unis.Il est marié et père de cinq enfants.
Militant du Comité de résistance au sionisme, un groupe anti-israélien, il a consacré le plus clair de son activité aux Frères musulmans.
Il a été élu député en 2000 puis réélu en 2005, avant d'être emprisonné pendant sept mois pour avoir participé à une manifestation de soutien à des magistrats réformistes.En 2010, il est devenu porte-parole de la confrérie et membre de son bureau politique.
Il a été à nouveau brièvement emprisonné le 28 janvier 2011, trois jours après le début de la révolte populaire qui a provoqué la chute de M. Moubarak.
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