Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) soupçonne le groupe islamiste Boko Haram de crimes contre l'humanité ayant entraîné la mort de plus de 1.200 civils au Nigeria depuis 2009, a-t-on appris lundi auprès du bureau du procureur.
"Le bureau considère qu'il existe une base raisonnable pour croire que depuis juillet 2009, le groupe Boko Haram commet les actes ci-après constitutifs de crimes contre l'humanité", à savoir le meurtre et des actes de persécution, a indiqué le bureau du procureur dans un rapport daté de jeudi et dont l'AFP a obtenu copie.
Le bureau du procureur de la CPI avait ouvert en 2004 déjà un examen préliminaire, préalable à l'éventuelle ouverture d'une enquête, sur la situation au Nigeria, qui a ratifié le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI.
Depuis 2009, Boko Haram multiplie, essentiellement dans le nord du pays, les attentats et attaques contre les forces de sécurité, les responsables gouvernementaux et les lieux de culte chrétiens.
"Le groupe Boko Haram lance des attaques généralisées et systématiques ayant entraîné la mort de plus de 1.200 civils chrétiens et musulmans dans différentes parties du territoire nigérian", a précisé le bureau du procureur, selon lequel les attaques ont été commises dans le but d'imposer dans le nord du Nigeria "un gouvernement exclusivement basé sur le système islamique".
Le bureau du procureur a dès lors décidé de "passer à la phase 3 de l'examen préliminaire", à savoir déterminer si les autorités nigérianes conduisent des enquêtes contre les personnes qui "semblent porter la plus large part de responsabilité pour de tels crimes".
Selon le principe de complémentarité, la CPI ne peut poursuivre des auteurs présumés de génocide, crimes contre l'humanité ou crimes de guerre que lorsque la justice nationale n'a pas la volonté ou est dans l'incapacité de mener à bien une enquête ou des poursuites.
En visite début juillet au Nigeria, le procureur de la CPI, la Gambienne Fatou Bensouda, avait appelé les autorités nigérianes à enquêter sur les crimes commis par Boko Haram, affirmant que "le Nigeria a le premier la responsabilité d'enquêter".
Dans son rapport, le bureau a indiqué être au courant d'allégations de "graves violations des droits de l'homme" à l'encontre des forces de sécurité nigérianes dans le cadre de leur lutte contre Boko Haram, mais que "rien n'indique à ce jour qu'elles aient été commises en application ou dans la poursuite de la politique d'un Etat ou d'une organisation ayant pour but d'attaquer la population civile".
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