Des centaines de partisans du président Mohamed Morsi manifestaient dimanche devant la Haute cour constitutionnelle au Caire, forçant les juges à reporter l'examen de la validité de la commission qui a rédigé un projet de Constitution au centre d'une grave crise politique.
La cour n'a même pas pu se réunir et a décidé d'un "report administratif" de l'audience qui devait aussi être consacrée à l'examen de la légalité du sénat, également dominé par les islamistes, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
Une décision de la cour aurait aggravé la crise avec le président Morsi, qui a élargi ses pouvoirs par décret le 22 novembre, interdisant notamment à la justice d'examiner la question de la constituante.
La date d'une prochaine audience n'était pas encore connue.
Les partisans de M. Morsi, dont beaucoup étaient enveloppés dans des couvertures et portaient des portraits du président, ont passé la nuit devant la cour pour tenter d'empêcher les juges de pénétrer dans le bâtiment, a dit l'un d'eux à l'AFP.
Ils ont encerclé les accès à la cour et bloqué la route principale y menant le long du Nil, selon un correspondant de l'AFP.
"La volonté du peuple est plus forte que la volonté de quelques juges", a dit l'un d'entre eux, Ismaïl Ahmed, 39 ans, en allusion au pouvoir judiciaire dont font toujours partie de nombreux juges de l'ère Moubarak, renversé par un soulèvement populaire en février 2011.
La Constitution, qui doit être soumise à référendum le 15 décembre, est au centre de la plus grave crise en Egypte depuis l'arrivée de M. Morsi au pouvoir en juin.Les divisions sont de plus en plus profondes entre la mouvance islamiste et les groupes laïques, de gauche et chrétiens.
Une manifestation de centaines de milliers d'islamistes avait précédé l'annonce de la date du référendum par M. Morsi samedi soir, au lendemain d'un rassemblement massif de l'opposition contre le renforcement des pouvoirs du président et le projet de Constitution, accusé de porter atteinte à la liberté de religion et d'expression.
"Une nation, deux peuples", écrivait dimanche le quotidien indépendant Al-Chourouq en Une, tandis qu'Al-Masri Al-Yom titrait: "L'Egypte au-dessus d'un volcan".
Violentes manifestations et appels à la grève
Le décret de M. Morsi le 22 novembre a provoqué de violentes manifestations, des appels à la grève et un affrontement entre le président et le pouvoir judiciaire.
Les Frères musulmans et leurs partisans affirment que l'opposition anti-islamiste est "l'ennemie de la révolution" de 2011.
Le Front de sauvegarde nationale (FSN), une coalition de partis d'opposition dirigée par Mohamed ElBaradei et Hamdeen Sabbahi, un ancien candidat à la présidentielle, a appelé les Egyptiens à rejeter le décret et à réclamer l'annulation du projet de Constitution.La coalition a souligné le droit du peuple à "utiliser tout moyen pacifique pour protester, dont la grève générale et la désobéissance civile".
Le projet de Constitution a été adopté en quelques heures entre jeudi et vendredi par la commission, boycottée par l'opposition de gauche et laïque ainsi que par les Eglises chrétiennes, qui dénoncent une mainmise des islamistes.
Le texte accorde notamment à l'Etat un rôle de "protection de la moralité" et interdit "l'insulte des personnes humaines" et des "prophètes", des dispositions qui pourraient ouvrir la voie à la censure.
Le projet a aussi été critiqué par des organisations de défense des droits de l'Homme.
Human Rights Watch a ainsi estimé qu'il "protège certains droits mais en sape d'autres" tandis qu'Amnesty International a jugé que le texte "ignore les droits des femmes, restreint la liberté d'expression au nom de la protection de la religion, et permet aux militaires de juger des civils".
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