Présidentielle kényane: report d'une audience sur l'éligibilité de deux candidats

Un tribunal kényan a renvoyé mercredi au 10 décembre une audience sur l'éligibilité de deux candidats à la présidentielle, inculpés de crimes contre l'humanité pour leur rôle dans des violences post-électorales il y a cinq ans.

Le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta, 51 ans, et l'ex-ministre William Ruto, 45 ans, sont poursuivis par la Cour pénale internationale (CPI) pour leur rôle présumé dans des massacres inter-ethniques de 2007/2008 qui avaient suivi la précédente élection présidentielle kényane.Ces violences avaient fait au moins un millier de morts et plus de 600.000 déplacés.

Plusieurs associations de la société civile au Kenya avaient demandé lundi à la justice de se prononcer sur l'éligibilité de ces deux candidats.

Le juge Nicholas Ombija a reporté l'audience en faisant valoir que toutes les parties - dont des membres du parti politique de M. Kenyatta - devaient prendre le temps d'étudier le dossier.

Il reste cependant peu de temps pour trancher la question, la campagne pour la présidentielle ayant déjà commencé.

Le procès devant la CPI doit débuter le 10 avril et devrait coïncider avec le scrutin présidentiel, dont le premier tour aura lieu le 4 mars et le second un mois plus tard.

D'après la nouvelle constitution kényane adoptée en 2010, les personnes inculpées de crime et qui occupent des postes publics doivent démissionner.

MM.Kenyatta et Ruto, auparavant rivaux, se sont alliés pour cette élection présidentielle et figurent parmi les favoris.Le vice-Premier ministre Musalia Mudavadi a rejoint leur coalition mardi.

L'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a recommandé mardi aux Kényans de ne pas accorder leurs votes à des candidats inculpés par la CPI, dans un entretien à la BBC, sans toutefois citer les noms de MM.Kenyatta et Ruto.Il a souligné qu'un dirigeant devait pouvoir voyager, rencontrer d'autres chefs d'Etat, bénéficier de la confiance de la communauté internationale.

La réélection contestée en décembre 2007 de l'actuel président Mwai Kibaki avait déclenché des violences sans précédent.

M. Kibaki ne se représente pas.Son adversaire du scrutin de 2007, Raila Odinga, est depuis Premier ministre d'un gouvernement de large coalition, constitué sous pression internationale pour mettre fin aux violences.M. Odinga est candidat au prochain scrutin, et MM.Kenyatta et Ruto sont donnés par les sondages comme ses principaux concurrents.