Les 1.170 détenus qui se sont évadés de la prison de Munzenze à Goma le 19 novembre, la veille de l'arrivée du M23 dans la capitale régionale dans l'est de la République démocratique du Congo, n'ont pas été rattrapés et des habitants se sont livrés à des lynchages malgré les appels des autorités.
Selon la police, six voleurs présumés ont été déjà été victimes de citoyens en colère.Le 30 novembre, veille du départ des rebelles de la capitale de la riche province minière du Nord-Kivu, cinq personnes ont été brûlées vives après avoir été accusées de vols à main armée dans la banlieue de Munigi, vers l'aéroport.
Alors qu'un autre homme accusé de vol a échappé à la foule qui le poursuivait à Katindo, un autre a été frappé à mort au quartier Mabanga.
La semaine dernière, le conseil des ministres du gouvernement provincial du Nord-Kivu a lancé un appel au calme: "Nous demandons à la population de ne pas se livrer à la justice populaire.Des mesures sont prises pour garantir la justice à tout citoyen et donc ne vous rendez pas justice", a dit sa porte-parole, Marie Shetmasi.
Désertée, la prison a depuis été pillée et se trouve dans un triste état.Plus de portes ni de fenêtres, et plusieurs bureaux ont été incendiés.En ville, comme la plupart des institutions de Goma et de la région, les parquets et tribunaux ont été vandalisés.Les ordinateurs et les meubles ont été volés.
L'établissement pénitentiaire, prévu pour recevoir 150 détenus, était la geôle la plus inhumaine de la région, selon un gardien interrogé sur place et qui souhaite rester anonyme.Selon lui, "les prisonniers vivaient ici dans des conditions proches de l'enfer".
Deux cents personnes pouvaient être confinées dans une cellule de 20 mètres carrés et ne manger qu'une fois tous les deux jours, explique-t-il.Seule la Caritas et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) intervenaient dans les locaux de la prison.
Militant des droits de l'homme, Eugène Kalamo explique que 80% des détenus n'avaient pas commis d'infractions graves et qu'il aurait été préférable qu'ils ne soient pas au contact de condamnés à mort.Ces derniers selon lui auraient du être transférés ailleurs, dans le territoire de Masisi, à l'ouest de Goma, ou à Beni, au nord de la capitale provinciale.
Les premiers lynchages sont apparus après l'arrivée des rebelles dans la ville et après que le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23, eut incité la population à régler ses problèmes elle-même, explique un policier.
"Vous devez assurer votre propre sécurité.Nous allons vous aider à vous protéger mais nous n'avons pas de prison", aurait-il dit.
Ce message aurait été entendu par la population comme un appel direct à la justice populaire."Nous n'avons pas de prison, pas de prison!", ont scandé des jeunes de quartiers populaires comme Birere et Majengo après l'allocution du responsable rebelle.
Pour rétablir la situation, Le gouvernement provincial a constitué une commission ouverte aux organisations non gouvernementales nationales et internationales qui est allée visiter la prison.
Le coût des travaux de remise en état a été estimé à 50.000 dollars.L'Association du barreau américain, ABA, une ONG américaine, a déjà proposé d'en prendre une partie à sa charge.
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