La coalition rebelle, qui menace de renverser le président François Bozizé, a poursuivi mercredi sa progression en prenant Kabo, une ville du Nord, et reste très active malgré l'arrivée en Centrafrique de soldats tchadiens venus à la demande du pouvoir à Bangui.
Après avoir capturé et pillé la veille la ville minière de Bria (centre), le Séléka ("alliance" de plusieurs factions rebelles) a pris mercredi matin la ville de Kabo à 350 km au nord de la capitale Bangui.Les rebelles se dirigeaient vers Batangafo, à une soixantaine de km au sud de Kabo.Certains habitants y ont affirmé avoir entendu "des coups de feu".
Le "colonel" rebelle Djouma Narkoyo a assuré que ses hommes "contrôlent" Kabo et "progressent" vers Batangafo".
Ces deux villes se trouvent à plus de 400 km de Bria, zone diamantifère, que le Séléka (alliance) tenait encore mercredi, selon des habitants.
Cependant des renforts tchadiens, "lourdement armés, à bord d'une vingtaine de véhicules", arrivés en Centrafrique à la demande du président Bozizé, ont transité par Kaga Bandoro (centre), à une centaine de km au sud-est de Kabo pour prendre la direction "des zones occupées", selon une source militaire mardi.
Il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat où se trouvaient les soldats tchadiens, rompus au combat et bien mieux organisés que les forces armées centrafricaines (FACA), sous-payées, démotivées et mal encadrées.
Joint brièvement au téléphone, le chef rebelle Narkoyo a estimé: "Les Tchadiens ne nous font pas peur, nous sommes déterminés à nous battre jusqu'au bout".
Le Séléka exige "le respect" de différents accords de paix signés entre 2007 et 2011.Ces accords prévoyaient notamment un processus de désarmement et réinsertion des combattants, mais un de ses membres a récemment souligné que "rien n'a été fait pour (les) sortir de la misère".
Le Tchad du président Idriss Deby, fidèle allié du président Bozizé, avait aidé celui-ci à prendre le pouvoir à Bangui en 2003 et était intervenu pour expulser les rebelles de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) de Birao, capitale du nord, fin 2010.
Selon plusieurs observateurs avertis, l'arrivée des Tchadiens change considérablement la donne et devrait empêcher les rebelles de s'approcher de Bangui.Ils relèvent toutefois que cette offensive montre la fragilité du régime et annonce une période d'instabilité à venir si le pouvoir centrafricain ne fait pas un geste envers l'ensemble des ex-rébellions dont les hommes pourraient être tentés de reprendre les armes.
L'ambassade de France a elle rassuré ses ressortissants en diffusant mardi un sms: "Opérations militaires au Nord et à l'Est.Consignes de l'ambassade: vigilance habituelle".Paris a condamné ces attaques et dénoncé "le recours à la violence inacceptable".
Pays enclavé d'un peu moins de 5 millions d'habitants, la Centrafrique, 179e sur 187 pays à l'indice de développement humain, était engagée depuis 2008 dans un processus de paix après des années d'instabilité, de multiples rébellions, mutineries militaires et putsch qui ont ravagé son tissu économique et social et l'ont empêché de tirer profit de ses ressources naturelles.
De nombreuses rébellions ont signé des accords et déposé les armes entre 2007 et 2011 mais depuis le mois de septembre des mouvements dissidents au sein des rébellions signataires sont apparus.C'est notamment le cas du Séléka qui est composée entre autres d'une aile dissidente de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) ainsi que d'une faction de la de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), deux rébellions ayant signé les accords de paix.
Le général François Bozizé, a pris le pouvoir par un coup d'Etat en 2003, avant d'être élu président en 2005, puis réélu en janvier 2011.
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