La coalition rebelle qui mène une offensive en Centrafrique s'est emparée d'une nouvelle ville jeudi mais en a perdu une autre tandis que de premières négociations doivent avoir lieu vendredi au Tchad après une dizaine de jours de troubles.
La coalition dite du Séléka a pris Batangafo, à 300 km au nord de Bangui, la capitale, mais l'armée a reconquis Kabo, à 60 km au nord de Batangafo, tombée mardi aux mains des rebelles, selon les Forces armées centrafricaines (FACA).
Alors que le Conseil de Sécurité de l'ONU a appelé les insurgés à cesser les hostilités, des négociations ont été annoncées pour vendredi entre les rebelles qui ont repris les armes le 10 décembre pour réclamer l'application d'accords de paix et le gouvernement du président François Bozizé.
Ces pourparlers doivent avoir lieu au Tchad voisin, qui a dit jouer un rôle de médiateur dans la crise, bien qu'il ait envoyé des soldats cette semaine en Centrafrique en réponse à un appel de son allié, le président Bozizé.
Jeudi, "les rebelles ont pris Batangafo (15 à 20.00 habitants) vers 11h (10h00 GMT) et progressaient vers Bouca ", à 280 km au nord de Bangui, a indiqué une source à la gendarmerie de Bouca.
Selon même source, les gendarmes ont quitté cette ville de moins de 10.000 habitants qui n'est pas défendue par des forces armées centrafricaines (FACA).
De leur côté, l'armée régulière ont repris Kabo tombée la veille au terme de "violents combats", selon une source militaire centrafricaine.
"Les FACA se sont reconstituées sans renforts et ont lancé une contre-offensive.Les combats ont été particulièrement violents.L'armée a finalement pris le dessus et a repris le contrôle de toute la ville, obligeant le rebelles à battre en retraite", selon cette source.
"Trois éléments des FACA et deux rebelles ont été tués lors des combats", de même source."Les habitants réfugiés en brousse ont commencé regagner leurs maisons", a-t-on ajouté ce militaire.
Il est difficile d'estimer le nombre de rebelles et l'importance des combats mais il est clair que les deux camps se livrent aussi une bataille médiatique, chacun tentant de grandir ses victoires.Les villes concernées sont pour la plupart des carrefours sur des routes non-goudronnées, des villes pas électrifiées et où l'administration est peu ou pas présente.
Dans une déclaration mercredi à New York, le Conseil de Sécurité a demandé que les rebelles "mettent fin aux hostilités, se retirent des villes qu'ils ont prises et cessent leur progression" vers Bangui, tout en appelant à un dialogue politique.
Un chef du Séléka, Michel Djotodia, a refusé d'évacuer les villes capturées avant l'ouverture d'un dialogue, mais a nié que la coalition veuille prendre la capitale.
"Nous avons pris acte de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU mais nous n'allons pas nous retirer des positions actuelles sur le terrain tant qu'il n'y aura pas un dialogue sincère avec le pouvoir", a-t-il déclaré par téléphone à l'AFP.
"On ne cherche pas le pouvoir.On veut que nos droits soient reconnus, que des réponses puissent être trouvées à nos exigences, de façon à ce que le président Bozizé gouverne autrement", a-t-il dit.
Le Conseil de sécurité a aussi condamné les violations des droits de l'homme et des habitants de la ville minière de Bria dans une région diamantifère, tenue par les rebelles depuis mardi, ont fait état jeudi d'un assassinat, d'enlèvements et de rackets.
Le Tchad d'Idriss Deby, qui a aidé le président Bozizé à prendre le pouvoir en 2003 et est déjà intervenu en 2010 contre des rebelles, a déclaré que ses soldats envoyés mardi en Centrafrique s'étaient déployés en force d'interposition.
"Des négociations sont prévues" vendredi."Nous avons été sollicités par les belligérants pour jouer le facilitateur", a indiqué le ministre tchadien de l'information Hassan Sylla Bakari.
En même temps, N'Djamena va accueillir vendredi un sommet des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) sur le dossier centrafricain.
Pays enclavé de 5 millions d'habitants, parmi les plus pauvres de la planète, la Centrafrique était engagée depuis 2007 dans un processus de paix après des années d'instabilité, de multiples rébellions, mutineries militaires et putschs qui ont ravagé son tissu économique et l'ont empêché de tirer profit de ses ressources naturelles.
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