La Côte d'Ivoire a subi dans la nuit de jeudi à vendredi deux nouvelles attaques d'hommes armés, contre une caserne de gendarmerie à Abidjan et contre un poste militaire dans un village plus au nord, faisant au moins un mort et deux blessés.
Ces violences visant le régime du président Alassane Ouattara crispent subitement le climat intérieur, alors que la liberté provisoire accordée jeudi à huit proches de l'ex-chef de l'Etat Laurent Gbagbo est apparue comme un facteur d'apaisement, après une année 2012 marquée par des troubles et une réconciliation plombée.
La gendarmerie de "Toits-Rouges", un secteur du quartier de Yopougon (ouest d'Abidjan), "a été attaquée vers 3H00 du matin (locales et GMT).Des individus non identifiés ont ouvert le feu sur la caserne, les tirs ont été intenses mais (les assaillants) ont été repoussés", a indiqué à l'AFP une source à l'état-major des Forces républicaines (FRCI, armée).
Lors de cette attaque menée par des hommes armés de kalachnikov et de lance-roquettes, un homme qui était retenu en garde à vue par les gendarmes a été tué par une balle perdue."La brigade a été entièrement saccagée et sept vehicules ont été incendiés", a précisé Sylvie Van Den Wildenberg, porte-parole de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).
"Ca a tiré très fort pendant deux heures", a raconté une riveraine.
Une autre attaque a visé dans la nuit un poste des FRCI installé à Agbaou, un village à une centaine de km au nord de la capitale économique.
"Le bilan provisoire fait état de deux éléments FRCI blessés", a déclaré la porte-parole de l'Onuci.
L'ONU condamne
Le chef de la mission onusienne, Bert Koenders, a condamné ces attaques "avec la plus grande fermeté".
Le régime Ouattara est confronté depuis août à une vague d'assauts, souvent meurtriers, contre les forces de sécurité et des sites sensibles.Le gouvernement les a imputés à des partisans de Laurent Gbagbo, ce que le camp de l'ex-chef de l'Etat a démenti.
Une attaque à Agboville (environ 80 km au nord d'Abidjan), dans laquelle deux éléments des FRCI avaient été tués, avait rompu le week-end dernier avec plusieurs semaines d'accalmie.
Les dernières violences contrastent avec une certaine détente amorcée sur le plan judiciaire et politique.La justice a accordé jeudi la liberté provisoire à huit proches de Laurent Gbagbo, dont son ex-Premier ministre Gilbert Aké N'Gbo, détenus après la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011 qui a fait environ 3.000 morts.
"C'est déjà un pas important qu'il faut encourager afin que le reste suive", a expliqué à l'AFP Sylvain Miaka Oureto, président du Front populaire ivoirien (FPI), parti de l'ancien chef de l'Etat.
Plusieurs personnalités de l'ancien pouvoir, dont l'ex-Première dame Simone Gbagbo, sont encore en détention.Des dizaines d'autres personnes, des civils et des militaires en poste sous le régime déchu, restent aussi en prison, souvent dans le Nord.
Les huit détenus qui bénéficient de la liberté provisoire sont inculpés de génocide et de crimes de sang pour certains, d'autres seulement d'atteinte à la sûreté de l'Etat ou d'infractions économiques.
La liberté provisoire a aussi été accordée à une neuvième personne, l'homme d'affaires franco-ivoirien Ibrahim Magassa, selon une source judiciaire.Il était détenu en raison d'un litige commercial.
Le pouvoir était de plus en plus fortement poussé à faire un geste d'apaisement envers l'opposition politique après les tensions des derniers mois."Il y a eu tellement de pressions en ce sens", notamment de la France, ex-puissance coloniale, a affirmé une source diplomatique.
L'ex-président Gbagbo est détenu depuis novembre 2011 à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne de crimes contre l'humanité commis durant la crise.
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