Une majorité de Maliens étaient soulagés vendredi à Bamako au lendemain du feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU à l'envoi d'une force internationale pour chasser les islamistes du nord du pays, en dépit de conditions qui ne devraient pas rendre possible son déploiement avant des mois.
Le Conseil de sécurité a approuvé jeudi le déploiement d'une force armée internationale au Mali, mais par étapes et sans fixer de calendrier précis, tout en insistant sur la nécessité de dialoguer avec les groupes armés du Nord qui rejettent le terrorisme et la partition du pays.
Au Mali, l'impatience montait ces dernières semaines devant les tergiversations de la communauté internationale sur l'envoi de cette force qui sera composée et commandée par des Africains et appuyée par les Occidentaux.
"Nous sommes reconnaissants à la communauté internationale, un consensus s'est dégagé sur la situation malienne" s'est réjoui un conseiller du président malien par intérim, Dioncounda Traoré, saluant "un jour important".
"C'est une excellente nouvelle, ce vote marque la volonté de la communauté internationale de ne pas abandonner le Mali à son sort", s'est félicité Mustapha Cissé, membre du Front pour la démocratie et la République (FDR), formé après le coup d'Etat du 22 mars contre le président Amadou Toumani Touré mené par des officiers putschistes, qui a précipité la chute du Nord aux mains de groupes islamistes armés.
Menés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, ces officiers se sont toujours montrés hostiles à la participation de combattants étrangers à une opération de libération du Nord, totalement occupé depuis six mois par des groupes islamistes armés, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Sans surprise, la Coordination des organisation patriotiques du Mali (Copam) favorable aux putschistes, a réitéré son opposition à l'envoi de cette force."Le Mali doit prendre son destin en main et trouver lui-même la solution", a déclaré Oumar Coulibaly, membre d'une branche de la Copam.
Engager des négociations "crédibles"
Si le feu vert au déploiement des 3.300 soldats de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma), que réclamaient l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), marque une étape importante dans le processus de reconquête du Nord, il reste toutefois assorti de conditions qui pourraient retarder son déploiement.
La résolution 2085, adoptée à l'unanimité, appelle d'abord les autorités de transition à Bamako à rétablir l'ordre constitutionnel et à organiser des élections avant avril 2013.Elle les invite aussi à engager des négociations "crédibles" avec les groupes présents dans le Nord, essentiellement les Touareg.
Sur le plan militaire, la remise en marche de l'armée malienne, ébranlée par le coup d'Etat du 22 mars et humiliée par sa défaite face aux islamistes armés, sera également nécessaire, repoussant une éventuelle offensive à l'automne 2013.
Et ce n'est que lorsqu'il s'estimera "satisfait" de l'état de préparation de la Misma que le Conseil permettra son déploiement.
Sur tous ces points, l'ONU demande à l'UA de lui faire rapport tous les soixante jours sur les progrès accomplis.
Dans la perspective d'une offensive armée, les ONG et organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé l'ONU et la communauté internationale à prendre en compte les éventuelles conséquences humanitaires et sur les droits de l'Homme.
"Nous craignons que l'intensification des violences affecte les populations civiles, augmentant les besoins humanitaires et accentuant les déplacements de population", met en garde un collectif de dix ONG internationales présentes au Mali.
Le vote à l'ONU intervient alors qu'un ingénieur français a été enlevé mercredi par des hommes armés dans le nord du Nigeria, frontalier du Niger, "sans doute en lien avec Aqmi", selon le président français François Hollande.Sept Français sont déjà retenus en otages par des groupes islamistes au Sahel.
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