Les autorités du Congo s'inquiètent de voir la lutte contre le sida menacée par l'interruption de l'aide de la Banque mondiale à des programmes de santé au moment où elles disent enregistrer des succès avec un recul du taux de séropositivité des femmes enceintes.
Le ministre de la Santé François Ibovi a relevé cette semaine à Brazzaville que le taux des Congolaises enceintes et porteuses du virus VIH du sida est passé de 3,4% en 2009 à 2,8% en 2012.
Selon M. Ibovi, "cette baisse sensible est due aux nombreuses actions novatrices efficaces mises en oeuvre" mais "au plan national la clôture des projets financés par la Banque mondiale et le Fonds mondial peut annihiler, si l'on n'y prend garde, les acquis de la réponse au VIH".
Selon lui, l'arrêt de ces financements "entraînerait inéluctablement l'augmentation du nombre de nouvelles personnes infectées avec pour corollaire une incidence sur le budget de la prise en charge des patients".
Le ministre n'a pas précisé la nature des projets sur le point d'être clos mais la Banque mondiale doit mettre comme prévu un terme dans quelques jours au Programme national de développement sanitaire (PNDS) de 20 millions de dollars financé à parts égales avec le Congo.
M. Ibovi qui intervenait jeudi à l'ouverture d'une session du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) a précisé qu'au moins 38.500 malades attendent encore d'être pris en charge, tandis que 16.310 sont actuellement sous antirétroviraux.
Officiellement le taux de prévalence du sida au Congo est aujourd'hui de 3,2%, contre 4,2% en 2003.
Accent mis sur la transmission mère-enfant
Le pays compte 83.000 malades (sur une population de 3,6 millions d'habitants), et les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes.Contrairement aux pays frontaliers (Centrafrique, République démocratique du Congo) qui, comme lui, ont connu une guerre, le Congo, selon les experts, n'est ni très exposé ni très frappé par l'épidémie.
Le président Denis Sassou Nguesso qui présidait la session du CNLS a invité son gouvernement "à tout mettre en oeuvre afin d'élargir la couverture des services (de prise en charge) sur toute l'étendue du pays"."Un accent particulier doit être mis sur l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant", a-t-il insisté.
"Nous devons redoubler d'efforts pour apporter les services au plus près de nos populations afin de permettre à ces dernières d'accéder plus précocement au paquet de services le plus approprié.Ainsi nous parviendrons à réduire de façon continue l'émergence de nouvelles contaminations", a ajouté Denis Sassou Nguesso.
Les participants à la session du CNLS ont recommandé la création d'un Fonds national de lutte contre le Sida dont les modalités de financement restent à déterminer.
Le CNLS est l'organe de référence en matière d'enquête sur le sida au Congo.Ses chiffres sont considérés comme fiables par l'UNFPA ou encore l'ONUSIDA qui y font référence.Ses enquêtes sont appuyées financièrement et techniquement par la Banque mondiale,
Selon le ministère de la Santé, la baisse de l'épidémie est générale mais il y a des disparités selon les couches d'âge.Si le taux général est de 3,2%, il est de 7,5% chez les professionnels de santé et de 26% chez les homosexuels notamment dans les prisons où l'Observatoire congolais des droits de l'homme (OCDH) a dénoncé la désorganisation et les défaillances de prise en charge.
Le Congo où le revenu par habitant en 2011 était estimé à 4.600 dollars a pris l'engagement en 2001 d'affecter 15% de ses dépenses au secteur de la santé mais à ce jour, il n'y consacre qu'environ 9% de son budget, selon la Banque mondiale.Dans le classement du PNUD sur l'indice de développement humain le Congo était en 2011 au 137ème rang mondial sur 187 pays.
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