Burundi: un journaliste de RFI condamné à trois de prison en appel

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GITEGA (Burundi) (AFP) - (AFP)

La justice burundaise a condamné mardi en appel un journaliste de Radio France Internationale (RFI), Hassan Ruvakuki, à trois ans de prison ferme, une peine beaucoup moins lourde que la perpétuité dont il avait écopé en première instance, mais qui a néanmoins suscité de larges protestations.

La Cour a abandonné les charges de "terrorisme" retenues au premier procès et déclaré coupable le journaliste et 10 autres accusés de "participation à une association formée dans le but d'attenter aux personnes et propriétés".

"La Cour réforme le jugement et requalifie les faits à charge de Ruvakuki Hassan" et de dix de ses co-accusés, et les "condamne à trois ans" de prison ferme, a déclaré Fulgence Ruberintwari, président de la Cour d'appel de Gitega, dans le centre du Burundi.

Dans la foulée du verdict, l'avocat d'Hassan Ruvakuki, Fabien Segatwa, a souligné que le journaliste, emprisonné depuis novembre 2011, avait déjà purgé plus du quart de sa peine et qu'il était éligible à une libération anticipée."Même si cette condamnation est plus légère que la première, c'est trois ans de trop," a-t-il estimé.

En juin, en première instance, M. Ruvakuki, correspondant du service en swahili de RFI, avait été déclaré coupable d'avoir organisé une attaque lancée par une nouvelle rébellion à partir de la Tanzanie en novembre 2011, puis d'en avoir fait la publicité.L'attaque avait fait des dizaines de morts à Cankuzo, dans l'est du Burundi.

En appel, le procureur avait de nouveau requis la perpétuité contre le journaliste.Hassan Ruvakuki, qui n'avait pas pu se défendre en première instance, avait reconnu être allé en Tanzanie, mais uniquement pour y faire son travail de collecte d'information.

Au total, 23 accusés étaient jugés dans ce procès en appel.Neuf d'entre eux, présentés comme des combattants, ont vu leurs peines de prison à vie confirmées, et trois autres, reconnus coupables de complicité "d'acte terroriste", ont écopé de 20 ans de réclusion.

Aucun des accusés n'était présent au prononcé du verdict.

Mobilisation internationale

Les procès ont été suivis de près par les diplomates occidentaux en poste à Bujumbura.

En décembre, Marie-Christine Saragosse, présidente de l'Audiovisuel extérieur de la France, qui chapeaute notamment RFI et la chaîne de télévision France 24, était venue au Burundi soutenir le journaliste.

Mardi, dans un communiqué diffusé par RFI, Mme Saragosse a exprimé "sa profonde déception de voir le journaliste rester derrière les barreaux", tout en espérant sa "libération prochaine".

Le procès d'Hassan Ruvakuki a aussi été suivi de près par la société civile burundaise, elle-même sous pression croissante du pouvoir de Bujumbura.Des organisations locales s'étaient jointes à d'autres, internationales, comme Reporters sans frontières (RSF), pour dénoncer "un procès inique" en première instance.

Dans la foulée des dernières élections burundaises, boycottées par l'opposition en 2010, un regain de violences avait frappé le Burundi.

Le pays avait vu éclore de nouveaux mouvements rebelles, que le gouvernement burundais, réticent à reconnaître le phénomène, préférait qualifier de bandits, mais qui avaient fait craindre le retour d'une violence à grande échelle.

Depuis les années 1970, le Burundi a été meurtri par une série de massacres inter-ethniques et une longue guerre civile qui n'a pris fin qu'en 2006.

Ces derniers mois, les violences se sont atténuées, mais le pouvoir continue à chercher à étouffer les voix critiques, selon les journalistes, les militants associatifs et l'opposition.

Bien que réduite, la peine décernée en appel à Hassan Ruvakuki a d'ailleurs fait l'objet de nouvelles protestations burundaises.

"Tous les journalistes burundais sont sous le choc," a déclaré le président de l'Union burundaise des journalistes, Alexandre Niyungeko."Je pense qu'on a voulu le condamner pour le condamner.C'est de l'acharnement, car peut-on attenter à la vie d'autrui avec un micro?"

RSF a elle aussi dénoncé un "acharnement" et lancé une pétition pour la libération du journaliste.

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